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Chapitre 1: | Qu'est-ce que le Tétragramme? |
Chapitre 2: | L’inspiration et les Écritures chrétiennes |
Chapitre 3: | Une étude interlinéaire du grec (Première partie) |
Chapitre 4: | Une étude interlinéaire du grec (Deuxième partie) |
Chapitre 5: | L’évangile de Matthieu en hébreu |
Chapitre 6: | Les sources textuelles des versions hébraïques |
Chapitre 7: | La limite de l’inspiration |
Chapitre 8: | Le texte grec au premier siècle |
Chapitre 9: | Les dates de publication des manuscrits |
Chapitre 10: | La suppression du Tétragramme des anciens manuscrits grecs |
Appendice D: | L’étude de George Howard |
Glossary: | |
Les lecteurs assidus des publications de la Watch Tower comprennent déjà la signification du mot Tétragramme. Cependant, il sera utile de donner certaines informations fondamentales pour le bénéfice de ceux qui ne sont pas familiers avec ce mot.
Le Tétragramme est le nom divin tel qu’il est écrit en caractères hébraïques. En français, le nom de Dieu est écrit sous différentes formes telles que Jéhovah ou Yahweh.
Toutefois, avant d’aller plus loin, il sera intéressant de nous pencher sur la signification même du mot Tétragramme[1]. Le mot grec tetra (τετρά) est employé comme préfixe désignant le chiffre quatre. Nous trouvons ce mot en Luc 3 : 1, où il fait référence à Hérode en tant que chef de district ou tétrarque, tel qu’il y est fait mention dans les notes en bas de pages de la Traduction du monde nouveau avec notes et références [1995]. Le tétrarque partageait la direction d’une région du royaume; il était un des quatre gouverneurs. (En guise de comparaison, un simple gouverneur est appelé un monarque.) Le mot grec gramma (γράμμα) signifie écrits ou lettres. Galates 6 : 11 dit : «Voyez avec quelles grandes lettres je vous ai écrit de ma propre main.» Donc, tétragramme veut dire quatre lettres.[2] Le terme tétragramme lui-même n’est pas un mot qui se trouve dans la Bible, mais il est un mot utile pour décrire les quatre caractères hébreux employés dans le nom de Dieu.
Formation des lettres
L’orthographe (la formation des lettres) de toutes les
langues écrites s’est graduellement
développée sur une certaine période de temps.
C’est spécialement vrai pour l’hébreu, qui
a été une langue écrite pendant des milliers
d’années, des temps anciens jusqu’à
aujourd’hui. Au début, le Tétragramme a
été écrit dans les Écritures
hébraïques tel qu’illustré dans
l’encart ci-dessous. La publication de la Watch Tower
«The Divine Name That Will Endure Forever » (1984)
donne deux excellentes illustrations du nom divin dans son
ancienne forme écrite. La première illustration à
la page 12 montre deux exemples se trouvant sur un tesson de
poterie de la deuxième moitié du septième
siècle avant notre ère. La deuxième illustration
à la page 13 montre deux exemples d’une pierre moabite
inscrite datant environ de l’an 850 avant notre ère.
En étudiant soigneusement les exemples donnés dans
cette publication, de petites différences dans la formation
des caractères[3]
peuvent être détectées entre les deux
spécimens. Pourtant, dans les deux cas, le Tétragramme
de cette époque a l’apparence générale de
YHWH.
Dans l’article (Étude Perspicace :it-1 1091-2 Hébreu, II ) les auteurs disent :
«Les plus anciennes inscriptions hébraïques connues sont écrites en caractères archaïques qui diffèrent sensiblement, par leur forme, des lettres carrées des documents ultérieurs, tels ceux des premiers siècles de notre ère. L’écriture carrée est souvent qualifiée d’“ araméenne ” ou d’“ assyrienne ”. On pense que le passage des caractères hébreux anciens aux caractères hébreux carrés s’opéra pendant l’Exil. Cependant, Ernst Würthwein fait cette remarque : “ Pendant longtemps, l’écriture hébraïque ancienne resta en usage à côté de l’écriture carrée. Les pièces de monnaie du temps de la révolte de Bar Kochba (132-135 ap. J.-C.) portent des lettres hébraïques anciennes. Certains des textes trouvés dans les grottes de la mer Morte sont rédigés en écriture hébraïque ancienne. ”»
Même si la forme des caractères a changé au cours du temps, l’épellation hébraïque du nom divin lui-même n’a pas changé. C'est-à-dire, autant yhwh que יהוה sont translittérés en français par YHWH.
Puisque l’hébreu est écrit de la gauche vers la droite, le caractère hébreu Y et le caractère hébreu moderne י sont tous deux Y (Yod); H et ה sont tous deux H (Hé) et W et ו sont tous deux W (Waw).
La désignation paléo-hébraïque se rencontre occasionnellement dans les descriptions techniques de l’hébreu écrit. Ce terme identifie l’ancien style des caractères tel que représenté par HWHY.[4]
Tout au long des pages de ce livre, nous suivrons la pratique générale de la Société Watch Tower en représentant le Tétragramme des rédacteurs anciens des Écritures hébraïques avec des caractères hébraïques modernes. Donc, peu importe l’époque qui sera considérée, nous utiliserons les quatre caractères hébreux modernes יהוה pour représenter le Tétragramme. Le lecteur devrait comprendre, toutefois, qu’à n’importe quel moment antérieur à l’exil babylonien, le nom divin aurait été écrit comme suit HWHY.
Le Tétragramme dans son contexte hébreu
Nous rencontrons le nom divin très tôt dans les
Écritures hébraïques. En Genèse 2 : 4 et 16,
Moïse a écrit le nom personnel de Dieu pour la
première fois quand il disait : «Ceci est
l’histoire des cieux et de la terre, au temps de leur
création, au jour où Jéhovah Dieu fit la terre et
le ciel.» Lorsque Moïse a écrit ce verset, il a
écrit le nom de Dieu avec quatre caractères
hébreux comme suit יהוה.
Parce que Genèse 2 : 4 est la première référence au nom divin dans la Bible, la Traduction du monde nouveau avec notes et références [1995] (p. 19) donne les informations suivantes dans une note en bas de page pour ce verset :
«Jéhovah». Héb. : (…) (YHWH, vocalisé ici en Yehwah) ; signifie «Il fait devenir» (de l’héb. (…) [hawah, «devenir»]) ; LXXA (gr.) : Kurios ; syr. : Marya’ ; lat. : Dominus. Première mention du nom personnel de Dieu (יהוה) (YHWH)) ; ces quatre lettres héb. forment ce qu’on appelle le Tétragramme. Le nom divin fait apparaître Jéhovah comme le Dieu qui forme des desseins. Seul le vrai Dieu peut à juste titre et indiscutablement porter un tel nom. Voir App. 1A.
Donc, le Tétragramme est le nom de Dieu le plus saint, il est dérivé d’une structure grammaticale commune de l’hébreu. Là encore, la Traduction du monde nouveau avec notes et références [1995] (p. 1676) nous donne les informations suivantes :
«Jéhovah» (héb. : יהוה YHWH), le nom personnel de Dieu (…) est un verbe : c’est le verbe hébreu הוה (hawah, «devenir») à l’imparfait de la forme causative.
Ce qui précède est précisé plus avant dans «A Hebrew and English Lexicon of the Old Testament de William Gesenius» (1865, pages 249, 250) dans lequel trois équivalents fondamentaux anglais qui emploient le verbe hébreu hw :h; (ha•wah’, devenir) sont cités. Gesenius identifie les significations correspondantes qui suivent : 1) en venir à passer, arriver, être; 2) commencer à être, c’est-à-dire devenir, être fait (…); et 3) être. Ces utilisations du verbe hw :h; nous donne un sens de la signification derrière le nom divin.
Un sujet apparenté est la prononciation du nom divin. Pour comprendre la prononciation, nous devons prendre en considération les points-voyelles hébreux.
Jusque bien après l’époque de Jésus, la langue hébraïque était écrite en utilisant seulement des consonnes. À un certain moment, après l’an 400 de notre ère, un groupe d’érudits Juifs appelé massorètes, a ajouté des points-voyelles dans le but de normaliser la prononciation. Nous devons donner une illustration de cette langue écrite sans voyelle. Nous pouvons utiliser la phrase «Moïse écrivit les cinq livres de la loi.» (Moses wrote the five books of the law.) Si nous écrivons la phrase sans voyelle, celle-ci va ressembler à ce qui suit :
M s s w r t th f v b k s f t h l w
En français, naturellement, nous utilisons des lettres qui sont des voyelles. Toutefois, des manuscrits hébreux ultérieurs ajoutaient des points pour identifier la prononciation des voyelles. Les points sont des marques sous les (ou au-dessus des) consonnes qui informent le lecteur des sons (voyelles) correspondants. Si nous utilisons nos voyelles françaises en tant que points, la phrase ci-dessus pourra ressembler à quelque chose comme suit :
Moses wrot the fiv boks of the law
(Dans cet exemple, les lettres doubles et les voyelles à la fin des mots sont éliminées [en anglais]. La fonction des voyelles se trouve seulement dans les composants prononcés de la langue.)
Les Écritures hébraïques ont été originalement écrites sans point-voyelle. Ainsi, à l’époque de la Septante et des premiers chrétiens, le nom divin contenait seulement les consonnes hébraïques sans la présence de voyelles, et le nom s’écrivait יהוה. (L’équivalent phonétique français est YHWH.) Après que les points-voyelles ont été ajoutés, le nom de Dieu s’écrivait «HW…HY». L’équivalent phonétique français avec des points-voyelles est plus vraisemblablement translittéré dans notre langue de la façon suivante YeHWaH ― ou très probablement YeHVaH comme nous le verrons bientôt.[5]
(La prononciation exacte de n’importe quel mot des Écritures hébraïques est incertaine dans tous les cas. Comme nous l’avons déjà mentionné, les Écritures hébraïques en entier étaient dépourvues d’indication de voyelles jusqu’à des siècles après que les derniers livres ont été écrits. Vraisemblablement, lorsque des voyelles ont été ajoutées, la prononciation convenable des noms était sujette à une plus grande incertitude que pour les mots plus communs.)
À partir de l’illustration ci-dessus des voyelles manquantes, l'explication devrait être évidente sur la raison pour laquelle nous ne connaissons pas la prononciation précise du nom divin à l’époque de Moïse. Nous pouvons être plus certains de la prononciation de la portion des consonnes (YHWH ou YHVH) du mot. Même là, nous ne pouvons pas être certains de la prononciation des voyelles parce qu’aucune information écrite a été préservée. En tant que mot écrit, le nom divin sans point-voyelle est la forme qui nous intéresse dans cette étude.
Comment YHWH est-il devenu Jéhovah ? Là encore, nous citons la New World Translation Reference Edition (p. 1561) qui dit :
« Pour ne pas risquer de prendre le nom (YHWH) de Dieu en vain, des Juifs pieux commencèrent à substituer 'adona(y) au nom propre lui-même. Bien que les massorètes aient laissé les quatre consonnes originales dans le texte, ils ajoutèrent les voyelles e (à la place de a pour d’autres raisons) et a pour rappeler au lecteur de prononcer adona(y) peu importe les consonnes. »
Les Juifs massorètes ont ajouté les voyelles se trouvant dans le nom Adonaï (qui est correctement traduit en français par Seigneur[6] dans les Écritures hébraïques en français) aux consonnes du Tétragramme dans le but d’obtenir une circonlocution[7] pour le nom divin. Le livre Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible (page 769) dit :
«En combinant les point-voyelles d’’Adhônây et d’Elôhim aux quatre consonnes formant le Tétragramme, on a obtenu les prononciations Yehôwâh et Yehôwih. La première a abouti à la forme latinisée «Jéhova(h)». La plus ancienne mention écrite de cette forme remonte au treizième siècle de notre ère. Raymundis Martini, un moine dominicain espagnol, l’utilisa dans son livre Pugio Fidel, écrit en 1270. »
Le lecteur devrait être également savoir qu’il existe une incertitude concernant l’ancienne prononciation de la consonne W. Le caractère hébreu représenté par un W dans la translittération française de YHWH est waw (W). (Le nom de ce caractère hébreu est prononcé vav, bien qu’il soit identifié avec des lettres de notre alphabet, il est souvent écrit waw.[8] Il est intéressant de noter que, des textes plus récents de langue hébraïque biblique translittèrent en réalité le caractère par vav en anglais, pour refléter la prononciation préférée.) Selon toute vraisemblance, la combinaison des caractères du Tétragramme comme ci-dessus et de Adonaï devient YaHoVaH. Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible (page 766) dit : «Ces quatre lettres (écrites de droite à gauche) sont יהוה et peuvent être transcrites en français YHWH (ou YHVH).» Si la reproduction phonétique appropriée du nom divin telle que prononcée aux jours de Moïse est vraiment YHVH, le mot anglais Jéhovah reproduit plus exactement l’ancien caractère hébreu waw (ו) que ne le fait la translittération anglaise Yahweh.
Pour de plus amples informations au sujet du nom divin, consultez l’Appendice 1A dans Traduction du monde nouveau avec notes et références (1995). Aussi, l’Appendice 3A de la même édition pour un bref aperçu des caractères hébreux et grecs. La section contient une description particulièrement utile des voyelles en hébreu. Pour une étude complète du nom divin, référez-vous au titre « Jéhovah » dans «Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible», ou sous le même titre dans le volume « Étude Perspicace ».
Le Tétragramme dans les Écritures
hébraïques
Le nom personnel de Dieu occupe une place importante dans les
Écritures hébraïques. Le Tétragramme
apparaît 6 961[9] fois
dans le texte hébreu.
L’objectif de ce livre est de donner une compréhension actuelle, historique et textuelle, de l’emploi du Tétragramme dans les Écritures grecques chrétiennes. En tant que tel, nous n’insistons pas sur la présence du Tétragramme dans les Écritures hébraïques. Cependant, le lecteur doit se rappeler en lisant ce livre que le nom de Dieu est employé largement dans les Écritures hébraïques, et que la preuve textuelle supportant sa présence est au delà de tout doute. La Traduction du monde nouveau doit être félicitée pour son emploi du nom divin dans les Écritures hébraïques.
Le Tétragramme dans la Septante (LXX)
Parce que parfois il y a de la confusion entre la Septante et les
Écritures grecques chrétiennes, lorsque le
Tétragramme est le point de mire d’une discussion, une
brève introduction au sujet de la Septante va
s’avérer utile.
Nous sommes familiers avec l’histoire de la nation d’Israël dans les Écritures hébraïques. Au cours de l’époque des juges et de la théocratie sous des chefs comme Samuel, la nation d’Israël s’est investie à l’occupation et à la consolidation du territoire. Cette consolidation en tant que royaume unifié a atteint son paroxysme aux jours du roi David et de son fils Salomon. Toutefois, suite à la désobéissance du roi Salomon envers Dieu , le royaume a été divisé et affaibli. Quoique de bons rois en vinrent à détenir le pouvoir occasionnellement, éventuellement le jugement divin s’est abattu sur la nation. Les royaumes divisés de Juda et d’Israël ont été finalement conquis, chacune de ces conquêtes conduisant à la captivité.
Sans entrer dans les détails des défaites politiques et militaires d’Israël, nous sommes conscients qu’une attitude typique de conquête à cette époque était la déportation de la population vers le territoire de la nation conquérante. Ainsi, des colonies de Juifs[10] ont été établies en différentes régions du monde méditerranéen. Alexandrie en Égypte était également le centre le plus important d’apprentissage de la culture grecque, à partir, environ de l’année 350 avant notre ère jusqu’à sa conquête par Rome.
Les chefs religieux Juifs ont été confrontés à un problème qu’ils n’avaient pas rencontré avant l’époque de la captivité nationale. De nombreux Juifs vivant au sein de cultures héllénophones ne pouvaient plus lire et comprendre les Écritures hébraïques. Donc, vers l’an 280 avant notre ère[11], un groupe d’érudits hébreux a commencé la traduction des Écritures hébraïques en grec. Il y a certaines traditions intéressantes — quoique incertaines — entourant ce projet de traduction. La moins crédible de ces traditions dit que les traducteurs ont été surnaturellement inspirés et qu’ils ont complété le travail en 70 jours. Une tradition plus probable veut que 72 érudits hébreux aient complété (ou à tout le moins commencèrent-ils) le travail. Peu importe ce qui est vrai, la traduction en vint à être connue sous le nom de soixante-dix. Ainsi, nous avons le nom Septante, qui est l’abréviation des chiffres romains LXX (70). (Le nom Septante est la forme francisée de son ancien nom latin secundum septuaginta interpretes.)
Cependant, en ce qui a trait à la Septante elle-même, nous ferons cinq affirmations ayant un rapport avec notre étude du nom divin :
Premièrement : Nous devons reconnaître l’importance de la Septante. La Septante occupait une place importante autant dans la pensée juive que chrétienne. Elle a été une traduction monumentale et de grande envergure. Entre autres choses, elle a démontré que les Juifs qui l’utilisaient comprenaient que la révélation de Dieu n’était pas limitée à la langue hébraïque. Il y a beaucoup à apprendre de l’étude de son histoire et de son développement. Quoique ce soit en dehors du sujet de ce livre, une étude du Tétragramme dans la Septante est un sujet intéressant et qui en vaut la peine.
Deuxièmement : Nous devons faire la différence entre la Septante et les Écritures hébraïques desquelles elle est la traduction. Les Écritures hébraïques ont été écrites en hébreu. Toutefois, Daniel chapitre 4 a été originalement écrit par le roi Nabuchodonosor ― et ensuite inclus dans le livre prophétique de Daniel ― en araméen. Des portions d’Esdras et d’Esther contiennent aussi de l’araméen. Voir « Étude Perspicace des Écritures», vol. 1, p. 1089. Comme nous l’avons vu plus haut, la Septante était une traduction spécifique des Écritures hébraïques en grec. Le terme Septante ne devrait jamais être utilisé comme synonyme des anciens manuscrits des Écritures hébraïques écrits en hébreu.
Troisièmement : Nous devons différencier la Septante des autres anciennes traductions grecques des Écritures hébraïques. La Septante n’était pas unique en tant que traduction grecque des Écritures hébraïques[12]. Toutefois, la version de la Septante a été largement acceptée autant par les Juifs parlant le grec que par les chrétiens Gentils. À la fin du troisième siècle de notre ère, toutefois, un certain nombre de traductions grecques des Écritures hébraïques étaient disponibles. Trois traductions largement utilisées ont été faites par Aquila, Theodotion et Simmaque. La traduction des Écritures hébraïques d’Aquila est d’un intérêt particulier. Bien que plusieurs manuscrits soient disponibles de nos jours et qu’ils contiennent le mot Kurios plutôt que le Tétragramme, une récente découverte faite au Caire d’un texte grec d’Aquila, montre clairement les quatre caractères hébraïques du Tétragramme.
Quatrièmement : Nous devons identifier quelles éditions de la Septante contiennent vraisemblablement le Tétragramme. La Septante était une traduction des Écritures hébraïques qui a été largement mise en circulation partout dans le monde hellénophone à cette époque. Aujourd’hui nous savons que le Tétragramme était généralement employé dans des copies de la Septante qui étaient destinées à des lecteurs Juifs.[13] D’autre part, la Septante qui était en circulation dans le monde Gentil employait le mot grec Kurios (Κύριος)[14] comme traduction pour le nom divin. Dans le chapitre 13 nous en parlerons plus en détails, incluant l’intéressant problème à savoir pourquoi, y a-t-il eu, certaines copies de la Septante, employant le Tétragramme, qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui. Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible (page 771) cite le Dr. Kahle de son livre The Cairo Geniza, qui dit :
«Nous savons, à présent, que, tant qu’il a été écrit par des Juifs et à l’intention des Juifs, le texte de la Bible grecque [la Septante] ne rendait pas le nom divin par kurios; le Tétragramme était plutôt inscrit en caractères hébreux ou grecs dans les MSS [manuscrits]. Ce sont les chrétiens qui ont remplacé le Tétragramme par le mot kurios, lorsque le nom divin écrit en caractères hébreux en est venu à ne plus être compris.»
Cinquièmement : Finalement, nous devons faire une nette distinction entre la Septante et les Écritures grecques chrétiennes. La Septante est une traduction des Écritures hébraïques. Le travail de traduction a commencé vers l’an 280 avant notre ère.[15] Les livres de la Loi (les écrits de Moïse) ont été probablement complétés en 180 avant notre ère; la traduction complète des Écritures hébraïques n’a probablement pas été complétée avant le deuxième siècle de notre ère. D’autre part, les Écritures grecques chrétiennes n’ont pas commencé à être écrites avant 41 de notre ère (Matthieu) et pas plus tard que 98 de notre ère (l’Évangile de Jean et 1, 2 et 3 Jean).[16] En dépit du fait que les premières congrégations chrétiennes ont considérablement employé la Septante, les deux groupes d’Écritures sont distinctement séparés. Nous ne pouvons pas conjecturer sur l'hypothèse que si une déclaration puisse être valide pour l’un, elle sera également valide pour l’autre. Déclarer que le Tétragramme était employé dans certaines versions de la Septante n’est pas une preuve que le Tétragramme était présent dans les Écritures grecques chrétiennes. La présence du Tétragramme dans les Écritures grecques chrétiennes doit être établie par une étude approfondie des anciens manuscrits des Écritures chrétiennes. Toutefois, le caractère distinctif des deux Écritures ne veut pas dire que la Septante n’a pas grandement influencé les Écritures chrétiennes. Autant Jésus que les rédacteurs des Écritures chrétiennes ont abondamment cité la Septante.
La Septante était la Bible des premières congrégations chrétiennes. Dans la plupart des cas, là où les rédacteurs des Écritures chrétiennes ont cité les Écritures hébraïques, ils ont employé la version de la Septante plutôt que des documents hébreux. Cependant, aussi importante que la Septante puisse l'être pour l’histoire et l’étude des Écritures chrétiennes, il est incorrect de considérer les variations textuelles qui se trouvent dans l’un comme si elles devaient être présentes dans l’autre. Les deux documents sont des entités entièrement indépendantes, séparées dans le temps par plus de 200 ans, et distinctives car provenant de cultures différentes.
Le Tétragramme dans les enseignements de la
Société Watch Tower
L’emploi du Tétragramme dans les écrits originaux
des Écritures chrétiennes est un enseignement central
de la Société Watch Tower. La Société
enseigne que le nom de Jéhovah ― écrit en lettres
hébraïques sous la forme du Tétragramme ― a
été employé par les rédacteurs originaux des
Écritures chrétiennes, et que le présent contenu
du texte grec (qui n’emploie pas le Tétragramme) a
pris forme comme résultat de l’hérésie et
des changements subséquents faits par les scribes qui ont
copié les Écritures. Ces scribes ont vraisemblablement
changé les quatre lettres hébraïques (YHWH) pour
le mot grec Kurios.[17]
Un résumé concis de cet enseignement est donné dans l’Appendice 1D de la Traduction du monde nouveau avec notes et références (page 1682). Nous citons en partie :
« Matthieu a cité plus d’une centaine de fois les Écritures hébraïques inspirées [dans son évangile écrit en hébreu[18]]. Quand ces citations comprenaient le nom divin, le devoir de l’apôtre était de faire figurer fidèlement le Tétragramme dans son évangile en hébreu. Lorsque l’Évangile de Matthieu a été traduit en grec, le Tétragramme a été laissé sous sa forme originelle dans le texte grec, selon l’usage de l’époque.Outre Matthieu, tous les autres rédacteurs des Écritures grecques chrétiennes ont également cité des versets tirés du texte hébreu ou de la Septante, des versets avec le nom divin. Par exemple, Pierre, en Ac 3 : 22, a cité Dt 18 : 15 où le Tétragramme paraît dans un fragment du papyrus de la Septante qu’on fait remonter au 1er siècle av. n. è. Disciple de Christ, Pierre utilisait le nom de Dieu, Jéhovah. Quand le discours de Pierre a été mis par écrit, on a employé ici le Tétragramme conformément à l’usage du Ier siècle av. n. è. et du Ier siècle de n. è.
Au cours du IIe ou IIIe siècle de n. è., les scribes ont supprimé le Tétragramme aussi bien dans la Septante que dans les Écritures grecques chrétiennes, lui substituant Kurios «Seigneur», ou Théos «Dieu.»
Sur l’emploi du Tétragramme dans les Écritures grecques chrétiennes, voici ce qu’a écrit G. Howard [19] de l’université de Georgie (Journal of Biblical Litterature, vol. 96, Boston 1977, p. 63) : «Des découvertes récentes en Égypte et dans le désert de Juda nous permettent de voir de première main l’emploi du nom de Dieu aux temps pré-chrétiens. Ces découvertes sont importantes pour les études du N[ouveau] T[estament] en ce qu’elles établissent une analogie littéraire Κύριος avec les documents chrétiens les plus anciens et qu’elles expliquent peut-être comment des auteurs du NT ont utilisé le nom divin. Dans les pages qui suivent, nous avancerons la théorie que le nom divin, יהוה (et peut-être des abréviations du nom), se trouvait écrit à l’origine dans les citations du NT tirées de l’A[ncien] T[estament] et dans les allusions qu’on y faisait, et qu’avec le temps le nom a été remplacé par le substitut (?) [abréviation de Kurios, «Seigneur»]. Cette suppression du Tétragramme a, selon nous, jeté la confusion dans l’esprit des premiers Gentils devenus chrétiens sur la relation entre le «Seigneur Dieu» et le «Seigneur Christ», ce qui se reflète dans la tradition manuscrite du texte du NT.»
Nous souscrivons à ce que dit l’auteur, à ceci près : nous ne considérons pas cette manière de voir comme une «théorie», mais comme une présentation de faits historiques sur la transmission des manuscrits bibliques. »
Comme nous l’avons constaté dans le chapitre de présentation de ce livre, les citations ci-dessus représentent le point de vue des traducteurs de la Traduction du monde nouveau, point de vue basé sur la perspective textuelle et historique de la fin des années 1940. Aujourd’hui, nous avons besoin de réévaluer toutes les traductions de la Bible sur la base des plus récentes compréhensions des manuscrits grecs sur lesquels elles sont fondées. Ce serait le désir de tous — que nous nous adressions à la Société Watch Tower dans son ensemble ou à des Témoins, individuellement parlant — d'obtenir une copie des Écritures grecques chrétiennes qui reproduit fidèlement et exactement ce que les auteurs apostoliques ont écrit.
Tout au long de ce livre, nous évaluerons les plus récentes informations historiques et textuelles disponibles en nous posant une question fondamentale : «Les rédacteurs originaux des Écritures chrétiennes ont-ils employés le Tétragramme?» S’il en est ainsi, quelles sont les preuves, existantes de nos jours, preuves à partir desquelles nous pourrons vérifier cette affirmation?
Le format de ce livre
Tout au long de ce livre, notre étude de la présence du
Tétragramme dans les Écritures grecques
chrétiennes sera basée sur des considérations
textuelles et historiques. La réponse finale de la place du
Tétragramme dans les écrits originaux des
Écritures chrétiennes sera basée sur des preuves
provenant d’anciens manuscrits. Ces manuscrits devraient
nous indiquer, si oui ou non, les rédacteurs originaux des
Écritures chrétiennes ont écrit le mot hébreu
יהוה (le Tétragramme) ou le mot grec
Κύριος (Kurios) en 237 endroits
dans les Écritures grecques chrétiennes.
Lorsque nous entreprenons une étude historique des manuscrits grecs, nous ne fairons pas une lecture superficielle. Alors, dans le but de rendre ce matériel aussi instructif que possible, le format suivant sera utilisé : l’information générale se trouve dans les chapitres principaux, l’information supplémentaire est ajoutée sous la forme de notes en bas de page, et finalement, le matériel hautement technique a été placé dans les appendices. Les informations des appendices traitent de la forme du texte grec lui-même, les notes en bas de page pour la traduction de la Traduction du monde nouveau, informations concernant les versions hébraïques qui supportent les 237 références Jéhovah, et encore d’autres sujets apparentés sur lesquels ce livre est basé. Quoique cette information soit nécessaire pour une étude adéquate du texte grec historique, il a été séparé du matériel des chapitres principaux dans le but de simplifier la lecture.
Gardons notre objectif
Nous nous référerons souvent à certains
sous-sujets dans les pages de ce livre. Dans le but
d’être le plus précis possible, quatre de ces
sous-sujets nécessitent une brève explication.
Nous devons tout de suite porter notre attention sur deux de ces sous-sujets (la prononciation du nom de Dieu et la version de la Septante en relation avec le Tétragramme) dans le but d’éviter de faire des déclarations correctives inutiles.
Un troisième sous-sujet (l’utilisation du nom de Dieu de nos jours) mérite un bref commentaire dans le but d’éviter une mauvaise compréhension. Le quatrième sous-sujet qui traite des mots Kurios et Théos est une simple technicité qui est importante seulement parce que nous avons besoin d’être précis dans notre description sans à avoir à nous référer continuellement à des détails superflus.
LA PRONONCIATION DU NOM DE DIEU
Le plus encombrant des ces deux premiers sous-sujets est la
prononciation adéquate du Tétragramme lui-même.
Pas plus יהוה que YHWH (ou YHVH) sont
entièrement satisfaisants. Les caractères hébreux
sont fidèles et précis, mais ils sont sans
signification pour nous tous ou presque, sauf peut-être pour
l’étudiant de la Bible le mieux informé. Il
n’y a pas de débat soit par l’auteur ou par la
Société Watch Tower que יהוה
soit mieux représenté par les consonnes de la langue
française YHWH, à moins qu’il puisse être
représenté par YHVH. C’est une tentative
d’amener ces consonnes à se transformer en un nom
prononçable qui rend ce sujet encombrant dans un livre tel
que celui-ci. Les consonnes de notre alphabet sont une
translittération écrite acceptable, mais elles ne sont
pas prononçables. L’ajout des voyelles complique
encore plus le problème. Heureusement, F. W. Carr fait une
observation qui va simplifier le débat :
« Un piège commun, dans lequel de nombreux traducteurs tombent, est de penser qu’une tentative est faite pour s’approcher approximativement du terme hébreu, le plus communément accepté, «Yahweh», avec la forme anglaise «Jehovah.» Plusieurs ne parviennent pas à réaliser (ou choisissent-ils d’ignorer) le fait que «Jehovah» est la traduction anglaise, pas l’approximation hébraïque. » [20]
Si nous pouvons être satisfaits avec une traduction française de tous les autres noms de la Bible (incluant Jésus plutôt que Iesous), nous pouvons être confortables avec Jéhovah.
Il n’est pas notre intention de nous adonner à une étude de la prononciation du nom de Dieu. C’est un sujet valable, mais celui-ci est hors du contexte de ce livre. Nous alternerons entre l’expression nom divin et le nom français traduit Jéhovah, parce qu’ils nous sont familiers. La question importante est le respect religieux et l’obéissance à ce Dieu merveilleux, plutôt que d’une prononciation spécifique francisée de son nom. La question de la prononciation du nom de Dieu peut être mieux résumée par ce que nous pouvons lire dans Étude Perspicace des Écritures, vol.1, p.1252 :
«Les hébraïsants estiment généralement que la prononciation “ Yahweh ” ou “ Yahvé ” est la plus vraisemblable. Ils font observer que la forme abrégée du nom est Yah (Jah sous sa forme latinisée), par exemple en Psaume 89:8 et dans l’expression Halelou-Yah (qui signifie “ Louez Yah ! ”) (Ps 104:35 ; 150:1, 6). Par ailleurs, les formes Yehô, Yô, Yah et Yahou, qu’on trouve entre autres dans l’orthographe hébraïque des noms Yehoshaphat, Yoshaphat et Shephatia, peuvent toutes être dérivées de Yahweh (Yahvé). Les transcriptions grecques du nom que firent les premiers écrivains chrétiens vont un peu dans le même sens, avec des orthographes comme Iabé et Iaoué, dont la prononciation en grec se rapproche de Yahweh. Néanmoins, les spécialistes sont loin d’être unanimes sur la question, certains défendant d’autres prononciations encore, comme “ Yahouwa ”, “ Yahouah ” ou “ Yehouah ”.»
D’autre part, la substitution du nom divin par Seigneur est une question plus importante que simplement sa prononciation. Au sein de la tradition biblique en langue française, les traducteurs des Écritures hébraïques ont souvent employé le mot SEIGNEUR [ou ÉTERNEL] en lettres majuscules pour représenter יהוה. L’auteur considère que la suppression du nom propre de Dieu des Écritures est une pratique regrettable. Même si chacune des traductions qui essaient de rétablir le nom divin dans les Écritures hébraïques écrites, rencontreront le choix problématique d’une forme appropriée, nous félicitons les traducteurs de la Traduction du monde nouveau pour leur effort de s’éloigner de la tradition de traduire יהוה par Seigneur [ou Éternel].
Il y a actuellement une tendance au sein de groupes protestants évangéliques à reconnaître et à employer le nom divin dans leurs enseignements et leurs chants. L’auteur est d’avis que l’insistance constante de l’emploi respectueux du nom de Dieu par la Société Watch Tower a porté ses fruits dans ces rameaux de la congrégation chrétienne. Il serait impossible de quantifier cette influence sur une grande échelle, mais l’auteur est conscient de la contribution que les Témoins ont apporté dans sa propre vie à ce sujet-là.
LA SEPTANTE ET LE TETRAGRAMME
Un deuxième sous-sujet méritant un bref commentaire est
le degré d’emploi du Tétragramme dans la version
de la Septante. Le Tétragramme, plutôt que Kurios, a
été certainement plus employé dans les
premières traductions de la Septante. Le Tétragramme a
continué à être employé jusqu’au
troisième siècle de notre ère dans les copies de
la Septante utilisées par les Juifs. D’autre part, les
chrétiens Gentils ont traduits יהוה
par κύριος (Kurios) dans leurs
copies de la Septante. (Nous découvrirons pourquoi cela est
vrai au chapitre 13.) Bien que nous nous référerons
à la Septante tout au long du livre, parce qu’elle a
une signification importante pour notre étude du
Tétragramme, nous souhaitons éviter de trop longues
descriptions. Nous devons simplement nous rappeler que de
nouvelles données contemporaines nous montrent que
יהוה a été employé dans
les copies juives de la Septante alors que Kurios était
employé dans les copies Gentilles. (Là encore, pour
l’étudiant intéressé par une étude plus
approfondie de l’emploi du Tétragramme dans la
Septante, nous recommandons le matériel suggéré
plus tôt dans Étude Perspicace des Écritures, vol.
1, p. 1253, sous le titre «Dans les Écritures grecques
chrétienne,» ou la référence parallèle
dans. De plus, il y a une section dans la bibliographie
annotée qui présente du matériel supportant la
présence du Tétragramme dans les anciennes traductions
grecques des Écritures hébraïques.)
Cela pourrait servir notre objectif d’inclure ici même une courte citation concernant la présence du Tétragramme dans la Septante.
« Au sujet de la transcription du nom divin [dans la LXX] B. J. Roberts écrivait en 1951 : «Le problème demeure toujours non résolu et encore discuté.» Si quelque changement a eu lieu au cours de la dernière décennie, c’est un mouvement qui se situe encore plus loin de la position de Baudissin. Cet expert avait maintenu ce droit de ces origines, à savoir que la LXX avait rendu le Tétragramme par Κύριος [Kurios], et qu’en aucun cas était-ce plus tard un simple substitut d’un précédent Αδωυαί [Adonaï]. Ainsi, il niait la preuve d’Origène qu’en des manuscrits plus précis le nom divin était écrit en écriture ancienne (paléo-hébraïque) et le témoignage ultérieur de Jérôme au même sujet. Comme Waddell l’a fait remarquer, la déclaration sommaire de Baudissin est «nettement réfutée» par le papyrus de Fouad, et maintenant un fragment de Qumram de Lévitique ii-iv, écrit dans une écriture apparentée de près avec Fouad 266, a été trouvé à rendre le Tétragramme par ΙΑΩ. Kahle est lui aussi de cet avis, et il déclare son assentiment aux propos de C. H. Roberts, à savoir que dans le papyrus grec Rylands 458, en Deutéronome xxvi. 17, là où le texte est interrompu juste avant l’occurrence du nom de Dieu, l’original ne portait pas «kuvrio» comme Roberts l’avait originalement supposé, mais le Tétragramme intégral. Il semblerait ainsi que la preuve disponible la plus récente tend à confirmer le témoignage d’Origène et de Jérôme, et que Kahle a raison de soutenir que les textes de la LXX, écrits par des Juifs pour des Juifs, retiennent le nom divin en lettres hébraïques (paléo-hébraïques ou araméennes) ou sous la forme imitatrice ΠΙΠΙ, et que son remplacement par Κύριος était une innovation chrétienne. »[21]
Avec cette information en notre possession, nous pourrons éviter de répéter des descriptions concernant des preuves confirmées de la présence du Tétragramme dans la Septante. Cependant, des déclarations au sujet du Tétragramme dans la Septante ne devraient pas être comprises comme s’appliquant aux Écritures grecques chrétiennes. Comme nous l’avons fait remarquer précédemment, le lecteur doit se rappeler que la Septante et les Écritures grecques chrétiennes sont des documents entièrement différents.
L’EMPLOI DU NOM DE DIEU DE NOS JOURS
Dans le but d’éviter l’incompréhension,
nous devons clarifier notre position concernant l’emploi du
nom de Dieu aujourd’hui. D’autre part, nous examinons
les occurrences historiques et textuelles du Tétragramme
dans les Écritures grecques chrétiennes. Nous ne
pouvons jamais préconiser soit l’ajout ou la
suppression des mots des Écritures à cause de
préférences personnelles ou théologiques. Ainsi,
notre point de vue doit être que l’occurrence du
Tétragramme dans les Écritures chrétiennes
aujourd’hui doit refléter l’emploi exact
effectué par les rédacteurs originaux. Si le
Tétragramme a été employé par les
rédacteurs originaux, il ne devrait pas être
enlevé. S’il n’a pas été employé
par les rédacteurs originaux, il ne devrait pas être
ajouté.
D’autre part, considérons-nous qu’il soit approprié d’employer le nom personnel de Dieu de nos jours ? Très certainement! C’est là une pratique personnelle de l’auteur de faire ainsi.
Nous demandons au lecteur de garder à l’esprit que le sujet de ce livre est limité aux preuves historiques et textuelles de la présence du Tétragramme dans les Écritures grecques chrétiennes. Néanmoins, concernant l’emploi du nom personnel de Dieu dans la pratique du culte soit en privé, soit en public, nous considérons qu’il est entièrement approprié et agréable à Dieu d’employer son nom librement avec le plus haut sentiment de sa sainteté.
LES REFERENCES JEHOVAH
Nous pouvons lire le nom Jéhovah 237 fois dans les
Écritures grecques chrétiennes de la Traduction du
monde nouveau. En 223 de ces fois, Jéhovah est employé
à la place du mot grec Κύριος
(Kurios). À 13 reprises, Jéhovah est employé
à la place de Θεός (Théos), et un
endroit (Jacques 1 : 12), Jéhovah provient d’une
construction grammaticale grecque spécifique.
Généralement, nous emploierons la translittération française Kurios plutôt que le mot grec lui-même. Parfois, nous ferons une distinction entre Kurios et Théos dans le but de compléter la transmission d’une information ou d’une nécessité technique. Toutefois, dans la plupart des cas, lorsque ne se présentera la nécessité d’une précision, nous utiliserons Kurios comme incluant les 13 exemples comportant Théos, le cas unique de Jacques 1 : 12, et les 233 endroits où se trouve Kurios.
De plus, la langue grecque requiert un accord entre les différentes parties d’un discours, en fonction de l’usage grammatical d’un mot dans la phrase. C’est pour cette raison que le mot grec Κύριος peut avoir jusqu’à huit épellations différentes. (Voir l’Appendice C pour une discussion sur les différentes formes de ce mot grec.) Là encore, nous laisserons Kurios être inclusif de toutes les formes grammaticales.
Résumé du chapitre Le Tétragramme est le nom de Dieu composé de quatre caractères hébraïques. Jusqu’à l’an 400 de notre ère, les écrits hébreux ne contenaient pas de points-voyelles. Avant l’ajout des points-voyelles, le nom divin s’écrivait יהוה. Le Tétragramme est grandement employé dans les Écritures hébraïques, donnant amplement de preuves textuelles pour justifier l’emploi du nom personnel de Dieu dans les portions des Écritures hébraïques des traductions françaises de la Bible.
La Septante est la traduction grecque des Écritures hébraïques qui a commencé vers l’an 280 avant notre ère. C’est un document distinctement différent des Écritures grecques chrétiennes. Les deux ne devraient pas être confondus, quoique la Septante ait été grandement employée par les premières congrégations chrétiennes.
Le nom de Dieu devrait être fréquemment et respectueusement employé autant dans les réunions privées que collectives.
Addenda au chapitre 1
Juste avant la publication de ce livre, un travail érudit et important de Greg Stafford intitulé «JEHOVAH’S WITNESSES DEFENDED an answer to scholars and critics» a été publié chez Elihu Books (1998). Aux pages 1 à 8, Stafford donne un autre exemple d’opinion actuelle concernant la prononciation du nom divin. En retour, Stafford se réfère à des études antérieures faites par F. W. Carr.
Le livre de Firpo W. Carr, The Divine Name Controversy (Stoops Publishing, 1991) doit lui aussi être consulté. Le docteur Carr a fait un travail important avec des recherches par ordinateur pour reconstruire la prononciation du nom divin dans les manuscrits hébreux anciens.
Autant Stafford que Carr favorisent-ils Yehowah comme l’approximation anglaise la plus fidèle avec la prononciation ancienne du nom divin dans les manuscrits hébreux anciens. Dans les deux cas, ils sont d’accord que le mot Jehovah est une traduction anglaise appropriée.
Nous nous rangeons avec plaisir à l’opinion et l’érudition de ces deux hommes au sujet de la prononciation du nom divin. Pourtant, parce que le type de ce livre a déjà été énoncé, des commentaires additionnels concernant la prononciation faits par Stafford ou Carr ne seront pas ajoutés. Néanmoins, ce livre est en accord complet avec les positions de Stafford et de Carr, à savoir que le nom divin devrait, plus que certainement, être employé dans les traductions anglaises des Écritures hébraïques.
Ce livre est disponible chez : Stopps Manufacturing Co., 10 N. Elliott Ave., Aurora, Missouri, 65605.
Notes
1. Le mot peut être correctement écrit [en anglais] soit Tetragrammaton ou Tetragram. Dans les pages de ce livre nous emploierons «Tétragramme.»
2. Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible , p. 766.
3. Le mot caractère est plus correctement employé pour l’hébreu écrit que le mot lettre. Généralement, nous utiliserons le mot lettre pour faire référence au grec ou au français écrit et le mot caractère en référence à l’hébreu écrit.
4. Les lecteurs intéressés à approfondir plus avant le sujet de la langue hébraïque pourraient profiter de l’information utile se trouvant sous le titre «Hébreu II» dans Étude Perspicace , vol. 1, pages 1087 à 1095. Un tableau complet de la formation des caractères hébreux à partir du neuvième siècle avant notre ère jusqu’à l’hébreu moderne (incluant l’époque du Christ) est donné à la page 344 du Zondervan Pictorial Bible Dictionary. Dans la plupart des cas, selon ce tableau, la formation des caractères hébreux aux jours de Jésus est étroitement apparentée au caractères carrés ultérieurs qui sont les prédécesseurs de l’hébreu moderne.
5. La prononciation des points-voyelles est seulement connue en rapport avec l’hébreu moderne. Le livre Comment raisonner à partir des Écritures nous donne à la page 198 cette explication plus élaborée : « Aujourd’hui, nul ne peut dire avec certitude comment le nom divin se prononçait en hébreu. Pourquoi? Parce qu’aux temps bibliques les Hébreux n’écrivaient leur langue qu’au moyen de consonnes. Dans le langage parlé tous les jours, le lecteur ajoutait aisément les voyelles nécessaires. Or avec les temps les Juifs ont commencé à entretenir l’idée superstitieuse qu’il est mal de prononcer à voix haute le nom de Dieu, aussi lui ont-ils substitué certains titres. Des siècles plus tard, des érudits juifs ont conçu un système de point permettant d’indiquer quelles voyelles il fallait utiliser dans la lecture d’un texte en hébreu ancien, mais aux quatre consonnes représentant le nom divin ils ont combiné les voyelles de ses substituts. C’est ainsi que la prononciation originelle du nom divin s’est perdue. »
6. C’est correctement traduit par Lord, mais pas en petites majuscules comme dans Lord. En d’autres mots, LORD est la traduction de Adonay et elle ne devrait pas être confondue avec la tradition biblique anglaise incorrecte qui traduit le Tétragramme par Lord. La Traduction du monde nouveau traduit correctement Adonay par Lord.
7. L’expression prononçable qui remplace un mot ineffable (non prononçable).
8. New World Translation Reference Edition, p. 1570.
9. Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible , p. 769.
10. À proprement parler, les descendants d’Abraham n'ont pas été appelés Juifs avant l’époque post exilique. (Voir Étude Perspicace des Écritures , vol. 2, p. 82-83 sous le titre «Juif» pour de plus amples informations à ce sujet). Toutefois, dans ce livre nous emploierons le terme «Juif» dans un sens généralement accepté.
11. «Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile» p. 306
12. L’Appendice J montre qu’Origène emploie trois ― et parfois jusqu’à cinq ― versions grecques différentes des Écritures hébraïques. Ces versions étaient toutes disponibles à la fin du troisième siècle de notre ère. Des études anciennes ont erronément conclu que les Hexaples d’Origène avaient employé seulement le mot grec Kurios. Toutefois, aujourd’hui, nous savons qu’autant les Hexaples originales, que la version d’Aquila, employaient le Tétragramme dans le texte grec. (voir Étude Perspicace des Écritures, vol.1, p.1253).
13. Selon Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile» p.306-307 Pour une reproduction photographique du manuscrit de Fouad montrant la calligraphie hébraïque, voir , Étude Perspicace des Écritures, vol. 1, Le nom divin, pages 324.
14. Voir New World Translation Reference Edition, (page 1562-1564) pour pouvoir consulter une liste partielle de ces manuscrits.
15. «Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile» p.306 Voir aussi Étude Perspicace , Vol. 1, p. 1253.
16. Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la bible p.424. (titre : Écritures Grecques Chrétiennes)
17. Dans cette étude nous allons nous référer à maintes reprises au mot grec Κύριος. Pourtant, plutôt que d’employer des lettres grecques, nous le translittérerons en Kurios avec des lettres de notre alphabet avec une police de caractères distinctive. Pour une discussion plus complète de l’utilisation du mot grec Kurios, voir (Le nom divin qui demeure à jamais. «sous titre : Le nom divin dans le nouveau testament» p. 23. ).
18. Dans la même section, Jérôme est cité comme déclarant qu’il y avait un évangile en hébreu écrit par Matthieu. Le témoignage de Jérôme doit être accepté comme étant digne de foi. Il n’y aurait pas de raison de douter que Matthieu ait écrit un évangile parallèle en hébreu. Nous évaluerons plus loin l’évangile hébreu de Matthieu dans un autre chapitre.
19. Voir l’Appendice D pour une reproduction partielle du document de George Howard.
20. Firpo W. Carr, The Divine Name Controversy, p. 104.
21. Du livre The Septuagint and Modern Study, de Sidney Jellicoe, 1968, pages 271, 272. Voir aussi les deux livres, Studies in the Septuagint : Origins, Recensions, and Interpretations, publié par Sidney Jellicoe, et Essays in Biblical Greek Studies in the value and use of the Septuagint, de Edwin Hatch, 1970, page 149.