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Dans la section précédente, nous avons évalué les Écritures chrétiennes qui ont été écrites en langue hébraïque. Dans cette section, nous prendrons en considération les preuves traitant du Tétragramme qui viennent de sources en langue grecque. Le présent chapitre se penche sur le texte grec et sur les écrits du premier siècle.
Le grec écrit au premier siècle
La plupart des lecteurs sont familiers avec la forme du texte
grec employé par la congrégation chrétienne
primitive. Cependant, une brève récapitulation du grec
écrit et du matériel textuel est pertinente pour notre
discussion du Tétragramme, et ce dans la mesure où le
présent sujet en est un de transmission textuelle.
Alexandre le Grand a rêvé d’un empire unifié sous sa gouverne en utilisant une langue commune. Bien qu’il soit mort en l’an 323 avant notre ère à l’âge de 32 ans, avec de nombreuses aspirations inaccomplies, son héritage pour le monde de son époque a été la langue grecque.[1] Consécutivement aux vastes conquêtes militaires d’Alexandre, le grec a été largement parlé jusqu’aux environs de l’an 500 de notre ère à la fin de l’empire romain.[2]
Le grec au premier siècle était connu sous deux formes. Le grec classique était la langue de la littérature et des procédures. La langue quotidienne était appelée grec koiné (commun). Dieu a choisi le grec koiné comme véhicule de communication pour la dernière portion de la Bible.
Autant le vélin (peau animale) que le papyrus ont été employés comme matériaux d’écriture au cours de l’époque de la congrégation chrétienne primitive. Bien que le vélin ait été utilisé avant le premier siècle, son coût et sa rareté ont prévenu l’étendue de son emploi. Il n’est pas difficile d’imaginer pourquoi un Paul, emprisonné et démuni, a choisi le papyrus, ce papier fait de roseaux, moins coûteux et déjà disponible, pour écrire ses épîtres.
À l’époque de la congrégation chrétienne primitive, le document écrit habituel était un rouleau plutôt qu’un codex composé de feuilles ou en forme de livre. Pourtant, au tout début du deuxième siècle, les Écritures grecques ont été réunies en manuscrits parce que cela permettait un assemblage plus pratique d’une plus grande quantité de matériel écrit.
Rendu à ce point-ci dans le livre, les lecteurs pourront se demander comment les anciens manuscrits ont été datés. Par exemple, comment les experts déterminent-ils qu’un manuscrit «vient du quatrième siècle» ou, en un autre cas, «des environs de l’an 200 de notre ère?» La réponse est déterminée par le style de l’écriture du matériel écrit et, dans certains cas, de certaines circonstances entourant le manuscrit.
Le style de l’écriture grecque
La classification la plus simple pour les manuscrits grecs est le
style des lettres. À partir du premier jusqu’au
neuvième siècle, les lettres utilisées se
présentaient sous la forme de lettres majuscules
appelées onciales. L’écriture onciale ne
sépare pas les mots et elle n’utilise pas
d’accents ou des marques de ponctuation. Bien que ce style
d’écriture en fouillis nous semble bien étranger
aujourd’hui, il était convenable avec l’objectif
de conserver ce matériel d’écriture peu
abondant.
Au chapitre 4, nous avons présenté cette citation grecque-anglaise de Révélation 4 : 11 en grec koiné moderne avec les accents et la ponctuation :
Lorsque Jean a écrit en lettres jointes d’écriture onciale, ce passage se présentait comme suit:[3]
Au sixième siècle, un nouveau style d’écriture appelé manuscrit cursif ou minuscule a commencé à se développer. Au neuvième siècle, ce style d’écriture était pleinement en application et il utilisait ce que nous appelons aujourd’hui l’écriture minuscule. Le même passage cité ci-dessus a été écrit en lettres minuscules grecques comme suit :
D’autres caractéristiques de l’écriture elle-même peuvent aussi donner une indication de la date. Ce ne sont pas tous les changements de calligraphies qui sont aussi perceptibles que l’est le passage du style de l’oncial au style des lettres minuscules. De petits changements tels que la calligraphie des lettres peuvent être observés au cours du temps et cette calligraphie est devenue elle aussi un moyen de datation des manuscrits. Des détails tels que les accents, la disposition des colonnes ou l’emploi de lettres majuscules peuvent aussi donner une indication de la date d’écriture d’un manuscrit.
Les anciens manuscrits des Écritures chrétiennes ne donnent pas un calendrier indiquant quand le manuscrit a été copié, quoiqu’en des manuscrits plus récents, les scribes aient ajouté une note donnant la date de la copie et même l’endroit où la copie a été faite. Néanmoins, un manuscrit des Écritures grecques en particulier peut utiliser une forme de lettres uniques qui sont identifiables dans des documents séculiers. Si une comparaison avec des documents séculiers peut être faite, laquelle montre le même style d’écriture, une date peut être établie si des événements historiquement vérifiables sont mentionnés.
Les matériaux servant à
l’écriture
Une deuxième aide dans la classification des manuscrits
grecs est le type des matériaux d’écriture
utilisés. Cela implique généralement le
matériau sur lequel le manuscrit a été écrit.
Le support matériel d’écriture utilisé
était, soit le papyrus, soit le vélin (peau animale).
Au premier siècle, le papyrus fait de roseaux de
l’Égypte était communément utilisé
à cause de son faible coût. Connaissant la source et la
méthode de la fabrication du papyrus pour une période
donnée dans le temps, peut conduire à
l’assignation d’une date pour un manuscrit qui est
écrit sur un matériau de papyrus identifiable. Le
vélin témoigne lui aussi de variations dans sa
fabrication au cours du temps et de la manière dont les
sections étaient jointes. (Les rouleaux de vélin
consistaient en de petites sections de peau cousues ensemble,
tandis que les rouleaux parchemins pouvaient être
fabriqués en longueurs continues.)
Dans certains cas, le type d’encre utilisé peut aussi être identifié. Quoique plus difficile à déterminer, la composition de l’encre ou la détermination de sa permanence peuvent aussi donner une indication de la date et de l’origine du manuscrit.[4]
Circonstances entourant le manuscrit
Cette troisième étape utilisée pour la datation
des manuscrits est simplement une catégorie fourre-tout.
Plusieurs manuscrits peuvent avoir des circonstances uniques
associées avec leur découverte qui aident à les
identifier chronologiquement. Des techniques de datation
relatives sont souvent utilisées à cause d’une
découverte archéologique, cette dernière peut
permettre d’assigner une date basée sur
l’environnement, avec une caractéristique ou une
strate comportant une date connue. Par exemple, une pièce de
monnaie peut être trouvée in situ (au même
endroit) qu’un manuscrit. Généralement, les
pièces de monnaie ont des inscriptions ou l’image
d’un empereur qui établit un laps de temps précis
ou possible de date de la frappe de la pièce de monnaie.
L’environnement donnera ainsi au manuscrit certaines
identifications chronologiques.
La même chose peut être vraie dans l’étude des anciens manuscrits. Par exemple, les rouleaux de la Mer Morte peuvent être datés, en partie, parce qu’il est connu que toute la région a été conquise par les Romains en 69 et 70 de notre ère. Ces rouleaux, nécessairement, ont été cachés avant cette époque. (Pour d’autres raisons, ils ne peuvent avoir été cachés après la destruction romaine.)
Les manuscrits peuvent aussi être datés sur la base de commentaires non bibliques se trouvant dans les marges ou d’une illustration accompagnant le texte. La forme du document peut aussi donner une indication de sa date. Bien qu’il y ait un chevauchement temporel significatif dans le cas des rouleaux et des codex, un manuscrit sous la forme d’un codex (feuilles attachées) daterait du début du deuxième siècle ou d’une date plus récente. Alors que le codex devenait de plus en plus utilisé, la façon d’attacher les composants a aussi changé.
Dans tous les moyens de datation que nous venons de voir, nous devons aussi garder à l’esprit que des différences géographiques ont aussi existé. Par exemple, la calligraphie grecque en Afrique peut avoir comporté des caractéristiques uniques en comparaison de la calligraphie européenne au cours de la même période de temps. Ce sont ces types de preuves qui aident aussi à établir la provenance géographique d’un manuscrit.
Toutefois, donner des dates aux manuscrits n’est jamais un exercice hautement précis. C’est pour cette raison que, généralement, nous voyons les manuscrits se voir attribués des dates par siècle. C’est-à-dire qu’il est impossible de dater un manuscrit avec une plus haute précision qu’un laps de temps de 100 ans. Dans certains cas rares, certaines caractéristiques identifiables permettent à un manuscrit d’être daté plus précisément, et c’est pour cette raison qu’occasionnellement nous voyons une date donnée comme ceci, «vers l’an 200 de notre ère.»
Formulation inchangée
Nous devons faire un bref commentaire dans le but
d’éviter une mauvaise compréhension. La
calligraphie a très certainement changé depuis
l’époque où les rédacteurs apostoliques ont
écrit leurs évangiles et épîtres. Pourtant,
les mots eux-mêmes n’ont pas été
modifiés.
L’écriture moderne du grec koiné telle que nous la trouvons dans la KIT a séparé les mots et ajouté les accents, la ponctuation et les lettres majuscules au commencement des citations. Cependant, le texte reproduit exactement l’épellation des mots grecs tels qu’ils ont été écrits par les apôtres eux-mêmes.[5]
L’abondance des manuscrits grecs existant
toujours
L’intention de cette brève section est
d’insister sur le grand nombre de manuscrits grecs qui sont
disponibles aujourd’hui. Toutefois, premièrement, nous
devons donner une brève explication. Dans des ouvrages de
références tels que «Toute Écriture est
inspirée de Dieu et Utile», et « Études
Perspicaces des Écritures», une abondante
reconnaissance est donnée à cette grande quantité
de manuscrits grecs qui existent encore. Le nombre de notes peu
élevé faisant référence aux manuscrits grecs
dans la KIT n’est en aucune manière méprisant
pour la preuve manuscrite. Plutôt, le texte de Westcott et
Hort se base lui-même principalement sur deux manuscrits
dignes de foi et ils ne citent pas fréquemment
d’autres preuves textuelles.[6]
Néanmoins, lorsqu’ils emploient le matériel des notes en bas de page de la KIT, les lecteurs en arriveront souvent à une première impression qu’il y a insuffisamment de preuves manuscrites grecques pour l’emploi de Kurios dans les 237 références Jéhovah des Écritures chrétiennes. Une note en bas de page typique peut faire mention de cinq à dix traductions hébraïques supportant Jéhovah, et seulement deux sources manuscrites grecques (avec deux traductions supplémentaires latine et syriaque) supportant l’emploi du mot Seigneur.
Au premier coup d’œil, cela indiquera souvent qu’il y a substantiellement plus de support pour le Tétragramme dans les anciens textes qu’il y en a pour l’équivalent grec Seigneur.
Ce n’est pas le dessein de cette section de réviser les affirmations précédentes supportant le fait que les auteurs originaux n’ont pas employés le Tétragramme dans leurs écrits. Cependant, nous devons insister sur les preuves manuscrites grecques anciennes, abondantes, qui sont disponibles aujourd’hui. À la page 688, du volume 1 de «Étude Perspicace des Écritures», nous pouvons lire ce qui suit :
«On dispose pour une étude comparative de plus de 13 000 manuscrits sur papyrus et vélin contenant tout ou partie des Écritures grecques chrétiennes, et datant d’entre le IIe et le XVIe siècle. Sur ce nombre, quelque 5 000 sont en grec, et le reste en diverses autres langues. Plus de 2 000 des anciennes copies contiennent les Évangiles, et plus de 700 les lettres de Paul. Bien que les écrits originaux eux-mêmes n’existent plus, certaines copies remontent au IIe siècle, ce qui est très près de l’époque de rédaction des originaux. Ce grand nombre de manuscrits a permis aux hellénistes, au fil des ans, de produire un texte grec très affiné des Écritures, qui confirme à bien des égards que les traductions actuelles des Écritures grecques chrétiennes sont fiables et fidèles. »
L’Appendice I (A Catalog of Greek Manuscripts) a été inclus à la fin du livre pour montrer au lecteur la grande quantité de preuves textuelles sur lesquelles reposent les présentes Écritures grecques chrétiennes. Nous vous suggérons d’examiner l’information contenue dans cet appendice. Le lecteur ne devrait pas négliger de jeter un coup d’œil à cette volumineuse liste d’anciens manuscrits grecs. La Traduction du monde nouveau cite seulement un total de 12 manuscrits grecs et huit versions anciennes pour supporter l’emploi du mot grec Kurios (κύριος), alors qu’il y a 754 manuscrits grecs, 86 versions et 149 lectionnaires cités dans le seul Appendice I.
Pour des raisons compréhensibles, le texte de Westcott et Hort de la KIT ne fait pas abondamment référence à plusieurs manuscrits grecs existants toujours, au delà du manuscrit Vaticanus no. 1209 (B) et du manuscrit Sinaiticus (Aleph). Pourtant, Il y a une quantité énorme des preuves textuelles anciennes, disponibles aujourd’hui, qui justifient l’ensemble des Écritures grecques chrétiennes. Ce qui est inclus dans ces manuscrits, c’est la preuve supplémentaire unanime supportant l’emploi du mot grec Kurios (κύριος) aux 223 endroits là où Jéhovah est employé dans les Écritures chrétiennes de la Traduction du monde nouveau.
Distribution non orchestrée des manuscrits
Voilà que nous rencontrons maintenant une intéressante
question dans notre étude du Tétragramme dans les
Écritures grecques chrétiennes. La question est
simplement celle-ci : «Pourquoi certains anciens manuscrits
ont-ils survécu alors que d’autres ont été
perdus?» Si nous avons pensé poser cette première
question, alors il pourrait bien nous arriver de poser une
deuxième question, avec à l’esprit, les
manuscrits employant le Tétragramme. «Est-ce possible
qu’aucune des copies manuscrites employant le
Tétragramme n’ait pas survécu, alors que 5 000
copies manuscrites employant Kurios aient
survécues?»
L’histoire de la transmission des manuscrits de génération en génération est dépeinte par deux processus ne pouvant pas être orchestrés. Un de ceux-ci est le processus de copiages des manuscrits. L’autre est le processus de distribution et de préservation de ces mêmes manuscrits. Chacun de ces deux processus est si difficile à superviser et incontrôlable qu’ils prennent les apparences d’événements fortuits.
La plupart d’entre nous avons eu certains contacts avec la notion d’événements fortuits ou probabilités. Il est utile de comprendre qu’actuellement nous parlons d’une application de probabilités lorsque nous comparons les lectures différentes au sein des manuscrits grecs existants encore. Du total des copies faites au cours des premiers siècles, seulement un petit pourcentage de ces copies a survécu. Les copies des manuscrits anciens des Écritures chrétiennes ayant survécu représentent une sélection aléatoire du nombre original de manuscrits.[7]
Vraisemblablement, il y a eu une distribution aléatoire de la justesse des manuscrits, de par leur contenu, lorsque les premières copies des documents des Écritures grecques originales ont été faites. Alors qu’ils ont produit les toutes premières copies, la plupart des scribes ont porté une minutieuse attention aux détails et ils n’ont presque pas fait de copies parfaites. D’autre part, il y a eu, sans aucun doute, certains scribes qui ont fait d’anciennes copies, négligemment, lesquelles comportaient un nombre de fautes plus élevé que la moyenne. Ces copies, à partir des copies faites avec la plus grande exactitude, jusqu’aux copies faites les plus négligemment, ont été potentiellement recopiées et transportées à différents endroits dans l’empire romain.
Quel genre de copies ont-elles survécu jusqu’à nos jours ? Là encore, nous nous attendrions à une distribution fortuite de copies reproduites parmi les plus exactes et les plus négligées. La préservation n’était pas particulièrement conditionnée par la précision manifestée par les scribes et les copistes. La préservation était déterminée par des facteurs tels que l’absence d’armées conquérantes, un climat sec et chaud ou une préservation dans un monastère oublié.[8]
Nous ne négligeons pas la supervision de Jéhovah dans la préservation des manuscrits grecs. Toutefois, nous suggérons qu’il y a au moins deux types de processus de probabilités qui ont produit les copies des anciens manuscrits grecs que nous possédons aujourd’hui. Le premier processus de probabilités traite des facteurs qui reproduisirent soit de bonnes, soit de mauvaises copies des Écritures grecques originales. Le deuxième processus de probabilités traite de facteurs qui ont fait en sorte que certains manuscrits ont survécu alors que les autres ont été perdus ou détruits.
Nous pouvons approcher le problème d’une manière légèrement différente. Nous pouvons seulement conjecturer sur un certain nombre inconnu, représentant le nombre total des portions des Écritures grecques chrétiennes produites dans les dix premiers siècles de l’ère chrétienne. (Plus que certainement, le nombre réel serait en centaines de milliers, dans la mesure que le copiage des Écritures était un processus continu.) De ce nombre, certains manuscrits ont été détruits peu de temps après qu’ils aient été copiés. Certains ont eu une vie longue et utile et ils ont été copiés à de nombreuses reprises, produisant encore plus de générations de copies multipliant leurs idiosyncrasies uniques. Un petit nombre de ces copies a été transporté, géographiquement, en des endroits où les conditions climatiques ont contribué à leurs préservations. Du nombre colossal de possibles anciens manuscrits grecs, seul un petit nombre du grand total serait éventuellement préservé et situé de telle manière qu’il pourrait servir aux recherches érudites au cours de la période de temps entre le seizième siècle et aujourd’hui.[9]
Dans le but d’expliquer la suppression du Tétragramme des Écritures grecques chrétiennes, nous devons superposer sur ce premier ensemble de probabilités fortuites une deuxième condition requérant une série d’événements non fortuits, très minutieusement planifiés. Qu’est-ce qui aurait été nécessaire pour annihiler la présence du Tétragramme des écrits originaux des Écritures grecques chrétiennes? L’ensemble complet des événements aurait eu besoin d’être influencé, modifié. Nous ne pourrions plus permettre à un processus fortuit d’agir en ce qui concerne le copiage et la préservation des documents. Nous serions forcés de croire que dans tous les autres aspects concernant la préservation des documents des Écritures grecques, une distribution réelle et précise aurait dû avoir lieu.[10] Malgré tout, dans ce seul domaine concernant la suppression du Tétragramme, accepterions-nous le fait qu’autant le processus de copiage que la préservation du texte se seraient déroulés de manière complètement uniforme. Quoique nous ne voyons pas de manifestation de ce fait aujourd’hui, il nous est demandé de croire que tous les rédacteurs chrétiens inspirés ont employé le Tétragramme. Nous devrions alors reconnaître que tous les copistes du troisième siècle ont employé seulement Kurios. Ensuite, nous aurions besoin de croire que toutes les copies contenant le Tétragramme ont été ultérieurement perdues à un moment précis dans le temps, tant et si bien que ces copies n’ont plus jamais été recopiées. Finalement, nous aurions aussi besoin de croire qu’il y a eu un accord total de tous les Pères de l’Église[11] du deuxième siècle, pour faire en sorte que ce nouveau texte corrompu représentait les vrais écrits apostoliques.
Et pendant tout ce temps, nous aurions aussi besoin d’ignorer les innombrables premiers chrétiens qui ont souffert quotidiennement pour leur foi, dont plusieurs jusqu’au point du martyr. Nous aurions besoin de croire qu’ils auraient donné leurs vies pour protéger leurs précieuses Écritures de Romains, mais lorsque les hérétiques ont acquis par la force tous les rouleaux contenant le Tétragramme, les premiers chrétiens ont volontairement acquiescé avec une telle unanimité, un tel silence, qu’aucune protestation n’est parvenue jusqu’à nous!
Cela serait l’événement tout à fait sans précédent dans l’histoire de la congrégation chrétienne primitive. Pour qu’une hérésie d’une telle amplitude ait pu avoir lieu, si peu de temps après la mort des apôtres, c’est là quelque chose de difficile à croire. Cette hérésie aurait été si bien contrôlée que pas une seule mention de son existence aurait été préservée au delà de toutes croyances raisonnables.[12] Or, que toutes traces d’hypothétiques documents anciens, qui employaient le Tétragramme, auraient pu être complètement effacées dans si court intervalle requis, constituent une impossibilité statistique.
Résumé du chapitre Ce chapitre a évalué le texte grec de la congrégation chrétienne du premier siècle.
1. Le texte grec de la congrégation chrétienne primitive a été écrit en des lettres jointes, sans espace entre les mots, appelé texte oncial. Aucune ponctuation ou accents ont été utilisés. Néanmoins, alors qu’autant l’écriture elle-même que la forme du texte ont changé au cours du temps, les mots authentiques des Écritures grecques ont survécu sans modification.
2. La Traduction du monde nouveau cite seulement 12 manuscrits grecs et huit versions anciennes, en guise de support pour l’emploi du mot grec Kurios (κύριος), pour les 237 passages Jéhovah. D’autre part, le Greek New Testament de la United Bible Societies cite, en fait, 754 manuscrits grecs, 86 versions et 149 lectionnaires en guise de support pour l’emploi du mot grec Kurios dans les Écritures grecques chrétiennes. En tout, il existe un total de 5 000 manuscrits grecs chrétiens.
3. Nous reconnaissons pleinement que la transmission des Écritures Sacrées s’est produite sous la supervision consciencieuse et selon le plan de Jéhovah. Néanmoins, il y a eu un apparent facteur aléatoire dans la méthode qu’il a utilisé pour préserver ces textes. L’exactitude et la fidélité des différents textes qui ont été sauvegardées, et leur localisation géographique qui a rendu possible leur préservation, ont été des événements fortuits. D’autre part, la suppression de toute trace du Tétragramme aurait été, nécessairement, une entreprise délibérée et planifiée. Celle-ci représenterait une série d’événements statistiquement impossibles pour que le Tétragramme ait été enlevé des copies des écrits originaux, ne laissant aucune trace de cette hérésie aujourd’hui.
Notes
[1] Voir Études Perspicace des Écritures, vol. 1, pages 74 et 75, pour une description complète de l’histoire d’Alexandre le Grand. Voir aussi l’article ( Tour de Garde 1997 15/8 8 : Comment la Bible nous est parvenue )
[2] Il est intéressant de noter que même l’empire romain a été obligé d’accepter le grec comme langue internationale. Les affaires officielles d’état à Rome et dans toutes les communications militaires étaient conduites en latin. Pourtant, le grec était employé comme la langue commune en diplomatie et pour le commerce dans les provinces romaines. Néanmoins, les langues indigènes ont elles aussi été préservées comme cela a été constaté le jour de la Pentecôte. (Actes 2 :7-11)
[3] Cette illustration a été faite en enlevant les espaces et les accents du texte grec et en remplaçant le caractère d’écriture onciale. Selon toute vraisemblance, l’orthographe est extrêmement près de celle que Jean a employée. Toutefois, cette illustration n’a pas été copiée d’une reproduction d’un ancien manuscrit oncial. L’illustration suivante montrant une écriture minuscule a encore là été faite sur ordinateur en employant une substitution de police plutôt qu’en consultant un vrai manuscrit grec ancien. Nous n’avons pas aucune indication que les rédacteurs originaux ont employé des substituts. Pourtant, au deuxième siècle Kurios (κύριος) et Théos (?e??) étaient écrits sous leurs formes substituts de la façon suivante, (??) et (??). Voir le glossaire pour une définition des substituts.
[4] L’ensemble du matériel concernant la forme du texte grec est tiré de «Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible», pp. 965-969, avec des informations supplémentaires provenant des livres The New Text of the New Testament de Bruce Metzger et de Introduction to New Testament Textual Criticism de J. Harold Greenlee.
[5] Pouvoir récupérer le texte exact est, comme de raison, l’objectif de la critique textuelle. C’est seulement de cette manière que les lecteurs aujourd’hui connaissent précisément les conjugaisons de verbes, les sujets et les objets des phrases et ainsi de suite. Contrairement à l’étude des langues contemporaines, l’étudiant de l’hébreu et du grec biblique essaie de remonter dans le temps jusqu’au langage réel des personnages bibliques eux-mêmes.
[6] Il y a une raison expliquant que ces deux manuscrits grecs reçoivent à juste titre une attention si importante. Le texte grec de la KIT découle des travaux de deux critiques textuels : Brooke Foss Westcott (1825-1901) et Fenton John Anthony Hort (1828-92). En 1881 ils ont publié leurs travaux, l’édition critique la plus remarquable des Écritures chrétiennes jamais produite par des experts britanniques. Westcott et Hort étaient d’avis que les deux manuscrits grecs complets codex Vaticanus (identifié par «B») et le codex Sinaitïque (identifié par «?») représentaient les textes disponibles qui étaient les plus ressemblants aux écrits apostoliques originaux. Leurs propres éloges de ces deux textes dit : « Nous croyons (1) que les formulations de ?B devraient être acceptées comme les formulations réelles jusqu’à ce qu’une preuve interne solide soit trouvée pour affirmer le contraire, et (2) qu’aucune formulation de ?B puisse avec certitude être rejetée absolument, bien qu’il soit parfois correct de les placer à un niveau alternatif, spécialement où elles ne reçoivent pas de soutien des versions ou des Pères. » Pour des raisons évidentes, les notes en bas de page de la KIT reflètent fortement ces deux manuscrits grecs à l’exclusion de tous les autres. (Autant l’information et la citation proviennent du livre The Text of the New Testament, Bruce Metzger, pages 129 à 133.)
[7] Nous sommes pleinement confiants que Jéhovah Dieu a soigneusement préservé sa parole écrite et qu’il n’a pas permis que survienne une destruction hors de son contrôle. Cela ne signifie pas qu’une probabilité fortuite n’ait pas existé, mais cela signifie que Dieu est en contrôle du processus. Toutefois, il est intéressant de réaliser qu’une affirmation disant que toutes les copies du texte correct ont été perdues est un affront direct aux soins que Dieu a mis en œuvre pour préserver les Écritures grecques chrétiennes au cours du temps.
[8] C’est exactement l’histoire fascinante qui se trouve derrière le manuscrit grec (Aleph) cité si fréquemment dans la KIT. Comme nous l’avons mentionné précédemment, il a été découvert en 1859 par le critique textuel Friedrich von Tischendorf au monastère Sainte-Catherine du mont Sinaï.
[9] L’intérêt de la préservation des textes de Écritures n’est en aucune manière limité à la période du seizième siècle à aujourd’hui. Avant l’époque du Christ, les érudits Juifs avaient développé des moyens extrêmement précis pour s’assurer de la transmission adéquate des Écritures. Plus tard, les érudits Juifs massorètes ont dévoué leur vie entière à cette transmission fondamentale. Là encore, Origène nous donne un exemple remarquable d’un travail textuel fait au troisième siècle. (Voir l’Appendice J.) D’innombrables autres exemples au cours de l’histoire ancienne peuvent aussi être cités. Néanmoins, de l’époque d’Érasme (au cours du seizième siècle) jusqu’à maintenant, il y a eu un effort concerté pour identifier les textes bibliques les plus dignes de foi. L’invention de la presse à imprimer et la découverte d’un nombre important de manuscrits au cours de ces derniers temps de l’histoire ont contribué à un effort renouvelé dans l’étude de la critique textuelle.
[10] Ce n’est pas un modèle hypothétique. Une étude de critique textuelle montrera exactement cette distribution fortuite de variantes textuelles dans l’histoire du texte. En fait, c’est cette manifestation aléatoire discernable qui fait que l’étude de la critique textuelle en entier est viable.
[11] L’expression Pères de l’Église identifie ces hommes de la communauté religieuse chrétienne primitive qui sont connus aujourd’hui par leurs écrits.
[12] En vérité, il est même plus difficile de l’imaginer à cause de la controverse du quatrième siècle au sujet de la personne du Christ. (La controverse est généralement connue dans l’histoire sous le nom d’arianisme, appelée ainsi à cause d’Arius, un presbyte d’Alexandrie qui est mort en l’an 336 de notre ère.) Il n’est pas notre intention ici d’évaluer la position théologique d’un groupe ou l’autre dans ce débat. Néanmoins, cet événement de l’histoire nous donne très certainement un aperçu de la présence présumée du Tétragramme dans les Écritures grecques chrétiennes. Un groupe supportait l’idée que le Fils n’était pas de la même substance que le Père, comprenant qu’il était une créature créée, quoiqu’il ait existé avant le monde créé. Il y a un nombre considérable d’écrits des Pères de l’Église traitant de cette controverse et ce des deux côtés de l’argument. Nous devons nous poser une question très importante. Si, telle qu’affirmée, il y a une preuve de quelque sorte que le Tétragramme ait été employé 237 fois dans les Écritures grecques chrétiennes par les rédacteurs originaux, pourquoi alors ceux qui défendaient un Jésus créé n’ont-ils jamais employé cette information dans leurs arguments? Pas un seul argument logique aurait supporté leur cause plus éloquemment que la citation du Tétragramme se trouvant dans les textes des Écritures grecques. Ou croirons-nous que les hommes vivant en l’an 350 n’avaient jamais lu des manuscrits des Écritures grecques datant de l’époque apostolique qui existaient toujours? En fait, Origène a contribué à cette controverse par son enseignement, à savoir que le Père et le Fils possédaient une essence séparée, appelant Jésus «un Dieu secondaire», et le Père, «le Dieu» (Schaff-Herzog, vol. 1, p. 278). Très certainement, les écrits d’Origène auraient fourni la preuve textuelle nécessaire pour supporter la présence du Tétragramme si celle-ci aurait-elle été disponible ?