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Le comité de traduction de la Bible du monde nouveau croyait que le Tétragramme avait été employé par les rédacteurs des Écritures grecques originales, mais qu’ensuite, il avait été supprimé par les scribes et les copistes au quatrième siècle. Cette possibilité requiert un examen minutieux dans la mesure où la vérification de la suppression du Tétragramme est la seule condition justifiant la restitution du nom Jéhovah dans les Écritures chrétiennes.
Ce chapitre s’intéresse à la preuve textuelle qui confirmera ou réfutera l’affirmation qui dit que le Tétragramme a été supprimé des manuscrits originaux des Écritures grecques chrétiennes.
Il va de soi qu’une description de la suppression du Tétragramme ne se trouve pas dans les écrits eux-mêmes des Écritures chrétiennes, pour la raison évidente qu’un texte modifié ne rapporterait pas le processus de sa propre corruption. La question de la suppression sera plutôt résolue à l’aide d’un examen du matériel historique et textuel portant sur les manuscrits grecs originaux. Les lecteurs devront aussi se rappeler que ce chapitre s’intéresse à la présence du Tétragramme seulement dans les Écritures grecques chrétiennes et non pas dans la Septante.
La position de la Société Watch Tower
En guise d’introduction, l’enseignement de la
Société Watch Tower est résumé dans cette
citation de la Traduction du monde nouveau avec notes et
références, 1995, page 1682 :
«Matthieu a cité plus d’une centaine de fois les Écritures hébraïques inspirées. Quand ces citations comprenaient le nom divin, le devoir de l’apôtre était de faire figurer fidèlement le Tétragramme dans son évangile en hébreu. Lorsque l’Évangile de Matthieu a été traduit en grec, le Tétragramme a été laissé sous sa forme originelle dans le texte grec, selon l’usage de l’époque.» (…)
«Au cours du IIe ou IIIe siècle de n. è., les scribes ont supprimé le Tétragramme aussi bien dans la Septante que dans les Écritures chrétiennes, lui substituant Kurios «Seigneur» ou Théos «Dieu».
[Citant George Howard] «Dans les pages qui suivent, nous avancerons la théorie que le nom divin, יהוה (et peut-être des abréviations du nom), se trouvait écrit à l’origine dans les citations du NT tirées de l’A[ncien] T[estament] et dans les allusions qu’on y faisait, et qu’avec le temps le nom a été remplacé par le substitut (?) [abréviation de Kurios, «Seigneur»].»
«Nous souscrivons avec ce que dit l’auteur, à ceci près : nous ne considérons pas cette manière de voir comme une «théorie», mais comme une présentation de faits historiques sur la transmission des manuscrits bibliques.»
Définir la recherche pour le Tétragramme
Indépendamment du point de vue concernant la présence
du Tétragramme dans les Écritures grecques
chrétiennes originales, une étude explorant sa
présence devrait évaluer six thèmes
spécifiques.
Ces six thèmes sont présentés en ordre décroissant d’importance. Si l’information du premier thème peut être vérifiée, les autres éléments seront simplement corroboratifs. Si l’information ne peut pas être vérifiée, chacune des affirmations décroissantes devra donner des niveaux appropriés de preuves supplémentaires.[1]
La majorité des plus anciens manuscrits des Écritures chrétiennes, existants encore, devraient nous permettre de lire le Tétragramme ou un dérivé raisonnable de ce dernier intégré dans le texte grec.
De nombreux, et parmi les plus anciens manuscrits des Écritures grecques chrétiennes, devraient nous montrer des preuves de la suppression du Tétragramme.
S’il y a eu un débat au sujet de la suppression du Tétragramme, les écrits des Pères de l’Église devraient nous en faire part.
Les écrits anciens, non canoniques, devraient comporter des références au sujet du Tétragramme.
Nous devrions être en mesure d’identifier la présence du Tétragramme dans les Écritures chrétiennes, écrit en hébreu au cours de l’époque de la congrégation chrétienne primitive.
La géographie, l’environnement physique où étaient situées les congrégations chrétiennes, doit être prise en considération au sujet de la suppression du Tétragramme.
Les Écritures grecques chrétiennes qui emploient
le Tétragramme doivent être justifiées
La Société Watch Tower enseigne que les Écritures
grecques chrétiennes originales employaient le
Tétragramme en 237 endroits où le nom Jéhovah a
été inséré dans la Traduction du monde
nouveau. Si cela est vrai, une de deux conditions doit exister,
et préférablement les deux devraient être exactes
pour nous permettre de faire une vérification
appropriée.
1. La majorité des plus anciens manuscrits des Écritures chrétiennes, existants encore, devraient nous permettre de lire le Tétragramme ou un dérivé raisonnable de ce dernier intégré dans le texte grec.
Notre discussion précédente au sujet de l’inspiration des Écritures et de son exactitude était basée sur une importante prémisse. Pour que n’importe quelle partie des Écritures soit acceptée comme faisant autorité, elle doit pouvoir être vérifiée par des manuscrits anciens, authentiques. Nous ne pouvons pas valider les mots originaux des Écritures sur aucune base autre que celle de l’étude la plus exigeante des manuscrits. Permettrions-nous que de simples spéculations puissent dicter les mots du texte, que la porte pourrait ainsi s’ouvrir toute grande à une pléthore de Bibles sectaires en tout genre. Si le Tétragramme a été employé dans les écrits originaux des auteurs apostoliques, nous devons être capables de trouver les caractères hébraïques יהוה insérés[2] dans les plus anciennes copies des manuscrits grecs existants. Il n’y a pas d’autre source d’information ou de tradition qui peut prendre préséance sur les copies les plus anciennes et les plus exactes des Écritures chrétiennes.
Les lecteurs doivent savoir qu’il n’y a pas de manuscrit grec existant qui emploie le Tétragramme dans les Écritures grecques chrétiennes. Nous pouvons de manière appropriée exiger le même niveau de preuve pour le Tétragramme que nous l’exigeons pour quelques autres corrections de variantes dans le texte grec. En l’absence d’une seule occurrence du Tétragramme dans quelques 5 000 manuscrits grecs des Écritures grecques chrétiennes dont nous disposons, nous pouvons conclure que toute discussion au sujet du Tétragramme dans les Écritures grecques chrétiennes est simple spéculation.[3]
De surcroît, pas plus y a-t-il une quelconque preuve de caractères grecs employés comme substitut pour les caractères hébraïques יהוה. Aucun manuscrit des Écritures grecques chrétiennes est-il signalé par la Société Watch Tower, comme employant un substitut tel que les lettres grecques ΠΙΠΙ (PIPI) qui sont dans certaines copies de la Septante et des Hexaples d’Origène.
Finalement, alors que nous en terminons avec la première affirmation au sujet de la suppression présumée du Tétragramme des Écritures grecques chrétiennes, nous devons nous rappeler une réalité essentielle. Dans le texte grec employé aujourd’hui, que ce soit le texte de Westcott et Hort utilisé dans la Kingdom Interlinear Translation, ou le United Bible Societies’ Greek New Testament, il n’y a pas un seul exemple d’un mot qui a été réintroduit dans le texte grec sans avoir un support textuel des manuscrits grecs anciens. Est-ce que les caractères hébraïques יהוה représentent le premier et seul cas dans lequel une telle réintroduction soit acceptable ?
2. De nombreux, et parmi les plus anciens manuscrits des Écritures grecques chrétiennes, devraient montrer des preuves de la suppression du Tétragramme.
Il n’y a aucun écrit original des Écritures grecques qui existe encore. C’est pour cette raison, que toutes les preuves du contenu des Écritures grecques viennent de copies successives et ultérieures.
Indépendamment du mot employé par les rédacteurs originaux dans ces 237 endroits, l’emploi du mot serait formidablement établi dans les manuscrits après les 30 premières années ou plus de la congrégation chrétienne.[4] À cause des grandes distances de déplacement entre les congrégations et leurs besoins individuels de manuscrits, plusieurs copies des originaux en sont venues à l’existence dans un bref intervalle de temps. Il n’y a pas de base pour pouvoir estimer adéquatement le nombre de copies qui étaient en circulation 30 ans plus tard. Cependant, considérant le fait que les congrégations aient été dispersées par de sévères persécutions, cette croissance rapide a été vécue, et que les copies appartenant aux congrégations et privément étaient en utilisation, le nombre total doit avoir été dans les centaines, sinon dans les milliers de copies individuelles pour chacun des livres dans cette courte période de temps.
Présumant maintenant que les passages employant le mot hébreu יהוה ont été changés pour Κύριος, qu’est-ce qui aurait dû se passer pour qu’il en soit ainsi ? En premier lieu, il aurait été impossible de réunir tous les manuscrits existants, employant יהוה, pour qu’ils soient détruits tous en même temps. Il y aurait eu tout simplement trop de manuscrits avec une trop grande dispersion pour qu’une telle chose survienne. Initialement, seuls quelques manuscrits, se trouvant en des endroits sélectionnés, qui auraient pu avoir été détruits. Une destruction volontaire de manuscrits aurait été même encore plus difficile parce que les chrétiens les avaient préservés durant des moments périlleux de persécution et de risques personnels.
Donc, c’est ce que nous appelons variation textuelle qui en aurait dû résulter plutôt qu’un changement abrupt et complet. C’est-à-dire, il se serait manifesté un mélange, une diversité de manuscrits, avec certains employant יהוה et d’autres employant Κύριος.[5] Alors que le temps passait, en présumant un consensus parmi un fort contingent d’individus préconisant une hérésie, un grand pourcentage de manuscrits contiendraient maintenant le forme de variante Κύριος. Or, à cause de la résistance aux changements et la diversité des localisations géographiques, il y a des copies employant l’original יהוה qui seraient demeurées en circulation.
Il y a des exemples de la longévité des manuscrits que nous avons déjà vu précédemment. Jérôme, qui est mort en l’an 420, rapporte avoir employé personnellement l’Évangile de Matthieu en hébreu. Il va de soi de dire que ce document (ou des copies de celui-ci) étaient disponibles au moins 300 ans après avoir été écrits.
Donc, si יהוה avait été changé pour Κύριος, nous devrions nous attendre à voir un changement progressif, là où les documents les plus vieux contiendraient l’original, alors que les copies plus récentes contiendraient la variante.[6] La distribution aurait été encore plus aléatoire parce que de plus récentes copies auraient été faites à partir de documents plus vieux, et יהוה serait réapparu fortuitement.
Pourtant, le changement n’aurait pas toujours été aussi simple que de simplement aller de יהוה à Κύριος. Parce que les Écritures grecques chrétiennes circulaient principalement en territoire Gentil, nous nous attendrions à voir des variantes provoquées par une confusion entre les langues plutôt que par des préjugés théologiques. Ainsi, nous trouverions probablement d’anciennes variantes avec une forme provenant de caractères grecs tels que ΠΙΠΙ (PIPI), variante qui se trouve dans la Septante, ou la reproduction phonétique ΙΑΩ (YAW). De plus, si le יהוה original aurait été altéré, il n’aurait pas été universellement changé pour Κύριος. Nous nous attendrions à trouver une variété de mots grecs, à partir de laquelle nous pourrions remonter à la source de יהוה, mais qui auraient différé du mot grec choisi dans d’autres manuscrits. C’est pour cette raison que dans chacune des 237 références, nous trouverions une variété de mots grecs dans les manuscrits en notre possession plutôt que le simple mot Κύριος.
En conséquence, nous nous attendrions à ce qu’un changement du Tétragramme pour Kurios, au deuxième et troisième siècle, d’avoir laissé une preuve manuscrite identifiable. Même si toutes les copies employant le Tétragramme lui-même étaient perdues, des preuves significatives de l’altération demeureraient présentes dans les manuscrits grecs existants toujours.
La Société Watch Tower enseigne qu’avant le copiage de tous manuscrits des Écritures grecques chrétiennes qui sont connus aujourd’hui, le Tétragramme a été changé pour Kurios par des copistes et des scribes. Cet argument rencontre un obstacle formidable. La rapidité et le caractère complet d’un tel changement aurait été sans précédent. La KIT établit amplement que les manuscrits grecs du quatrième siècle (l’an 300 et suivant) employaient seulement le mot Kurios sans aucune référence au Tétragramme. Dans le livre «Toute Écriture est Inspiré de Dieu et utile» p:313, de nombreux exemples de manuscrits majeurs sont cités, lesquels déplacent la date des emplois connues de Kurios encore plus près de l’époque apostolique. Comme nous l’avons vu au dernier chapitre, P47 comporte quatre passages de Révélation 9 : 10-17 : 2 qui sont traduits par Jéhovah dans la Traduction du monde nouveau. Ce manuscrit a été copié en l’an 300. Le livre de la Révélation a été écrit par Jean aux environs de l’an 96, faisant ainsi que les quatre emplois de Kurios sont observés en deçà de 204 ans de l’écrit original.
Un autre manuscrit du troisième ou du quatrième siècle, identifié comme étant P72 contient 12 passages Kurios traduits par Jéhovah dans la Traduction du monde nouveau. Ce manuscrit, qui contient Jude et 1 et 2 Pierre, a été copié entre l’an 201 et l’an 399 de notre ère.
Un troisième manuscrit que la Société Watch Tower emploie comme référence est identifié par P66. Il contient cinq passages Kurios qui sont traduits par Jéhovah dans la Traduction du monde nouveau. Ce manuscrit est identifié comme étant daté circa 200 de notre ère. Puisque ces cinq passages viennent de l’Évangile de Jean (qui a été écrit vers l’an 98), ces copies ont été faites approximativement 102 ans après l’écrit original.[7] La vérité incontournable est que, aussi tôt que 102 ans à pas plus de 204 ans après la production écrite des Écritures grecques chrétiennes, nous avons des preuves substantielles que la congrégation chrétienne acceptait pleinement Kurios (Seigneur) comme le mot approprié dans ces passages.
Selon l’information publiée par la Société Watch Tower, il est laissé entièrement à la spéculation de savoir comment les Écritures grecques chrétiennes ont pu avoir été écrites en employant le Tétragramme, et ensuite avoir été si complètement changées, en deçà d’un simple laps de temps de 102 à 204 ans, tout en ne laissant aucune trace de cette corruption. (C’est-à-dire, en nous basant sur les meilleures dates qui nous sont disponibles, Jean a probablement écrit la Révélation en 96 et son Évangile en l’an 98. Les dernières épîtres de Paul ont été écrites en 61) Ce qui laisse une période de temps entre 98 et 200 de notre ère, durant laquelle il aurait fallu qu’une hérésie mur à mur se produise, altérant tous les documents qui ont survécu, altération de tous les documents que nous possédons aujourd’hui, et que cette hérésie ait été si complètement établie qu’elle aurait provoquée une théologie corrompue, tant et si bien qu’aucun débat à ce sujet dans les écrits des Pères de l’Église ne soit parvenu jusqu’à nous. Malgré tout, le livre «Toute Écriture est inpirée de Dieu et utile», déplace les dates encore plus près quand il dit :
« mais les découvertes de manuscrits bibliques plus anciens faites au cours des dernières décennies font remonter le texte grec à 125 de n. è. environ, soit une bonne vingtaine d’années après la mort de l’apôtre Jean vers 100 de n. è. Ces manuscrits sont le gage de l’authenticité de l’actuel texte grec affiné.» (p. 319).
Qu’une hérésie aux proportions si radicales puisse avoir balayé l’empire romain au complet au cours d’une si courte période de temps en l’an 96 et 300 de notre ère, et que cette hérésie ait été si complète qu’elle ait fait disparaître toutes traces de changements, c’est là quelque chose de difficile à imaginer. Pouvons-nous alors imaginer que cela serait survenu «seulement quelques décennies» après la mort de l’apôtre Jean?
Des écrits non bibliques anciens doivent faire mention
de cette controverse.
Les écrits non bibliques anciens de la congrégation
chrétienne se présentaient en des commentaires et des
polémiques écrits par différents rédacteurs,
aussi bien que par des écrits dévotionnels non
canoniques. Nous nous attendrions à ce que ces deux
importantes sources mentionnent la présence du
Tétragramme dans les écrits apostoliques originaux.
3. S’il y a eu un débat au sujet de la suppression du Tétragramme, les écrits des Pères de l’Église devraient en faire part.
Le développement de la congrégation chrétienne a été marqué par l’écrit. En de nombreux cas, les écrits se présentaient sous la forme de lettres ou d’épîtres. (Les Écritures grecques chrétiennes doivent beaucoup aux lettres écrites. L’Évangile de Luc, le livre des Actes, tous les écrits de Paul, la lettre aux Hébreux, Jacques, 1 et 2 Pierre, Jude et les trois épîtres de Jean sont des lettres qui toutes s’adressent à des congrégations ou à des individus. Même le livre de l'Apocalypse « Révélation» s’adresse aux «sept congrégations qui sont en [dans le district d’] Asie.» [Révélation 1 : 4])
Au deuxième siècle pourtant la production de lettres d’instruction, aussi bien que des, travaux considérablement plus longs de philosophie et de théologie, étaient devenus une manifestation acceptée de la nouvelle congrégation chrétienne. Une quantité significative de ces écrits a été préservée jusqu’à nos jours.[8]
En l’an 325 de notre ère s’est tenu le premier concile de Nicée. Pour notre objectif, le contenu de ce concile n’est pas important. Cependant, les écrits des Pères de l’Église sont classés sur la base de ce concile. Un groupe appelé les Pères anté-nicéens ont écrit avant l’an 325 de notre ére.[9] Les rédacteurs avant l’an 325 peuvent être considérés comme des témoins fiables des débats théologiques qui ont suivi l’établissement de la congrégation chrétienne primitive entre l’an 100 et l’an 325 de notre ère, sans qu’en aucune manière nous soyons obligés d’accepter leurs points de vue individuels. (Les écrits des Pères de l’Église sont largement reconnus par la Société Watch Tower. Le témoignage de Jérôme concernant l’Évangile de Matthieu en hébreu, l’œuvre et les commentaires d’Origène concernant la Septante et la réticence des Juifs à prononcer le nom divin sont des exemples d’information rapportée par les rédacteurs anté-nicéens. Un coup d’œil rapide dans le livre «Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible» montre de nombreuses citations de sources séculières et chrétiennes d'auteurs de cette ère. Des exemple abondes sur Tacite et Josèphe [cf. page 272], Origène, Jérôme, Irénée, Africanus, and Eusèbe [cf. page 585-86], Augustin [cf. page 397-98], et beaucoup d'autres.)[10]
À travers ces écrits, nous en connaissons passablement au sujet de la congrégation chrétienne primitive et du monde dans lequel elle évoluait. Il est raisonnable de présumer que l’importance de quelque question que ce soit dans la vie des premières congrégations aurait été rendue publique par la quantité de matériel écrit contemporain.
Avant d’aller plus loin, nous devons comprendre la quantité de matériel écrit et des sujets abordés par ces rédacteurs. L’auteur a évalué que la quantité d’écrits de ces hommes correspondait à une encyclopédie standard, cet ouvrage est disponible dans les bibliothèques publiques. Cet ouvrage est intitulé «The Ante-Nicene Fathers »et il est publié par Charles Scribner’s Sons. Ces volumes contiennent les écrits de ces hommes qui ont vécu aux premier et au deuxième siècle. Parmi ceux-ci se trouvait Justin martyr (qui vécut de 110 à 165),[11] Irénée (120 à 202), Polycarpe (? à 155), Tatien (un étudiant de Justin), Théophile (de ? À ?; un livre de cet auteur est connu comme ayant été écrit en 181), Tertullien (150 à 200), et plusieurs autres.
Ces neuf volumes apportent une importante contribution pour l’étude du Tétragramme. Premièrement, notons que ces hommes ont écrit précisément en deçà de 20 et 120 ans des écrits originaux des Écritures grecques. (En fait, Polycarpe était un étudiant de l’apôtre Jean.) Ces hommes auraient certainement été au courant d’une hérésie, aussi énorme que l’aurait été la corruption du Tétragramme en Kurios. Cela aurait été particulièrement vrai si cette modification les avaient amenés à reconnaître que Jésus avait possédé la nature essentielle de Jéhovah lui-même (en employant Kurios comme un terme universel) plutôt que d’avoir été un être créé (en faisant la distinction entre Kurios et יהוה).
Deuxièmement, la quantité de leurs écrits nous donne une idée de la probabilité de la mention d’une telle hérésie. L’ensemble des neuf volumes auxquels nous nous référons à un total de 5 433 pages de matériel traduit. (Les index et le matériel biographique ne n'ont pas été comptés dans ce total.) Avec quelques 1 000 mots par page, ces rédacteurs nous ont donné approximativement 5 400 000 mots. En guise de comparaison, l’édition de 1995 de la Traduction du monde nouveau avec notes et références a 1 570 pages d’Écritures avec approximativement 750 mots par page. En conséquence, il y a environ 1 177 500 mots dans toute la Bible de la Traduction du monde nouveau. Donc, les écrits des Pères de l’Église entre la période apostolique et l’an 325 de notre ère représentent dans cet ensemble encyclopédique seul une quantité équivalente à cinq Bibles complètes. Il y a d’autres écrits connus qui ne sont pas inclus dans ces volumes tels que les vastes Commentaires d’Origène. Certainement que, dans ces nombreuses pages, l’hérésie de la suppression du Tétragramme aurait été mentionnée.
En guise d’exemple, une section de ces neuf volumes a été évaluée. Un important rédacteur ancien appelé Irénée a écrit un livre (en réalité, c’était un rouleau) au deuxième siècle intitulé Contre les hérésies. Dans sa traduction anglaise, ce livre comporte 258 pages. Commodément, l’éditeur de cet ensemble de neuf volumes a inclus un index complet des Écritures pour chacun des volumes. Ainsi, la référence à un passage particulier des Écritures citée par n’importe lequel des Pères peut être retrouvée. Conséquemment, certains des passages pertinents aux 237 passages Jéhovah peuvent être localisés dans le «Contre les hérésies» d’Irénée pour que nous puissions nous assurer s’il était au parfum de la présumée substitution du Tétragramme par Kurios. Aucune indication peut-elle être trouvée chez Irénée, à savoir qu’il aurait exprimé une opinion au sujet des présumés changements dans les versets qu’il citait. Au contraire, il citait ces versets tout en acceptant pleinement le mot Seigneur.[12]
Les citations qui suivent donnent des exemples de l’œuvre d’Irénée. Les paraphrases des Écritures et les brefs commentaires d’Irénée, dans la colonne de gauche, sont tirés de Contre les hérésies, tels que traduits en anglais et publiés dans le livre Anti-Nicene Fathers, publié chez Charles Scribners’ Sons, tous droits réservés 1899. Dans la colonne de droite, le verset auquel se réfère Irénée est cité de la New World Translation.
Against Heresies | New World Translation |
The Lord then, exposing him [the devil] in his true character, says, "Depart, Satan; for it is written, Thou shalt worship the Lord thy God, and Him only shalt thou serve." (Vol. 1, p. 549) | Then Jesus said to him: "Go away, Satan! For it is written, 'It is Jehovah your God you must worship, and it is to him alone you must render sacred service.'" (Matthew 4:10 NWT) |
For in no other way could we have learned the things of God, unless our Master, existing as the Word, had become man. For no other being had the power of revealing to us the things of the Father, except His own proper Word. For what other person "knew the mind of the Lord," or who else "has become His counselor?" (Vol. 1, p. 526) | For "who has come to know Jehovah's mind, or who has become his counselor?" (Romans 11:34 NWT) |
Then again Matthew, when speaking of the angel, says, "The angel of the Lord appeared to Joseph in sleep." (Vol. 1, p. 422) | But after he had thought these things over, look! Jehovah's angel appeared to him in a dream. (Matthew 1:20 NWT) |
When he says in the Epistle to the Galatians: "...Even as Abraham believed God and it was accounted unto him for righteousness." (Vol. 1, p. 492)[13] | Just as Abraham "put faith in Jehovah and it was counted to him as righteousness." (Galatians 3:6 NWT) |
For Peter said "...For David speaketh concerning Him, I foresaw the Lord always before my face." (Vol. 1, p. 430) | For David says respecting him, "I had Jehovah constantly before my eyes." (Acts 2:25 NWT) |
Irénée n’indique pas qu’il ait eu connaissance que les copistes et les scribes aient conspiré pour enlever le nom divin des Écritures grecques chrétiennes, même dans ces endroits où la TMN insère le nom de Jéhovah.[14] Ainsi, un homme écrivant seulement 50 ans après la mort de l’apôtre Jean, était satisfait du titre de Jésus, Kurios, dans les mêmes passages là où les traducteurs de la TMN ont cru qu’ils avaient été altérés par négligence ou par fraude à l’égard du Tétragramme.
4. Les écrits anciens, non canoniques, devraient comporter des références au sujet du Tétragramme.
De nombreux écrits dévotionnels anciens du premier siècle sont encore disponibles de nos jours. Un exemple intéressant est l’Épître de Clément aux Corinthiens. Cette épître est considérée comme un écrit authentique de Clément, compagnon de Paul, qui est mentionné en Philippiens 4 : 3.[15] L’épître a été écrite entre l’an 75 et 110 de notre ère, avec une plus grande probabilité qu’elle ait été écrite peu de temps avant l’an 100. Ainsi, l’emploi par Clément, soit du Tétragramme, soit de Kurios, reflèterait autant la pratique de la congrégation chrétienne du premier siècle que celle de Paul lui-même. (En se basant sur la date de cette épître, cette affirmation serait vraie pour au moins la pratique de la congrégation chrétienne primitive, et ce même si l’auteur n’était pas le compagnon de Paul.)
Clément employait universellement Kurios comme désignation pour Jésus lorsqu’il se référait à lui en tant que Seigneur. Pourtant, aussi, citait-il fréquemment (ou faisait-il allusion aux) des références se trouvant dans les Écritures hébraïques, dans lesquelles la TMN insère Jéhovah. Les citations de l’Épître de Clément aux Corinthiens[16] qui suivent proviennent d’un livre intitulé The Apostolic Fathers,[17] qui donne le texte grec avec une traduction anglaise. Là où Clément employait un mot qui a été traduit en anglais par Lord [Seigneur], le mot en grec sera montré entre parenthèses. La désignation du chapitre et du verset dans la Première épître de Clément précède la citation. La référence aux Écritures hébraïques est donnée après la citation. Le verset des Écritures hébraïques est cité de la NWT dans la colonne de droite.
Première Épître de Clément aux Corinthiens [NDT: 1] | Traduction du monde nouveau |
1 Clément 8:2 «Et le maître de toutes choses lui-même a dit de la pénitence, avec serment : «Je suis vivant, dit le Seigneur (kurios), je ne veux pas tant la mort du pécheur que sa conversion» (Éz. 33 : 11). | Dis-leur: «Aussi vrai que je suis vivant», c’est là ce que déclare le Souverain Seigneur Jéhovah, «Je prends plaisir, non pas à la mort du méchant, mais à ce que le méchant revienne de sa voie et qu’il reste bel et bien en vie.» (Éz. 33 : 11) |
1 Clément 8:4 «Et alors venez et nous discuterons, dit le Seigneur (kurios) Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, ils deviendront candides comme la neige (…)» (Is. 1 : 18). | «Venez donc et remettons les choses en ordre entre nous» dit Jéhovah. «Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige; s’ils sont rouges comme de l’étoffe cramoisie, ils deviendront comme de la laine (…)» (Is. 1:18) |
1 Clement 13:5 "I know assuredly that the Lord God (kurios ho theos) is delivering to you this land..." (Josh. 2:9) | "I do know that Jehovah will certainly give you the land..." (Josh. 2:9) |
1 Clement 15:5-6 "May the Lord (kurios) destroy all the deceitful lips . . . Now will I arise, saith the Lord (kurios), I will place him in safety." (Ps. 12:3, 5) | "Jehovah will cut off all smooth lips... I shall at this time arise," says Jehovah. "I shall put [him] in safety..." (Ps. 12:3, 5) |
1 Clement 16:2-3 For it says, "Lord (Kurie), who has believed our report, and to whom was the arm of the Lord (kuriou) revealed?" (Isa. 53:1) | "Who has put faith in the thing heard by us? And as for the arm of Jehovah, to whom has it been revealed?" (Isa. 53:1) |
En aucun cas Clément emploie-t-il le Tétragramme dans son épître aux Corinthiens. Donc, nous savons que Clément — un chef de la congrégation chrétienne du premier siècle et vraisemblablement un disciple et compagnon de l’apôtre Paul — employait Kurios avec régularité plutôt que le Tétragramme lorsqu’il citait les Écritures hébraïques.[18]
Nous nous retrouvons avec la conclusion que, soit Clément — nonobstant son probable rôle de leader dans la congrégation du premier siècle et son association avec l’apôtre Paul — était un hérétique parce qu’il avait abandonné l’emploi du Tétragramme, soit que la congrégation chrétienne de la gentilité au premier siècle employait, en fait, Kurios dans leurs Écritures grecques.
Clément était-il seul ou y en eut-il d’autres qui ont suivi son exemple d’employer Kurios lorsqu’ils citaient les Écritures hébraïques?
Nous trouvons d’autres exemples semblables chez d’autres rédacteurs de cette époque. Une autre épître de la fin du premier siècle ou du début du deuxième est appelée l’Épître de Barnabas. Bien que cette épître soit traditionnellement considérée comme étant l’œuvre du compagnon de Paul, Barnabas, ce n’est certainement pas l’œuvre de cet homme. Néanmoins, cet ouvrage était tenu en haute estime par la congrégation chrétienne primitive. À ce moment-ci de notre étude nous ne débattons pas d’inspiration. Notre seul intérêt est de savoir si oui ou non Kurios ou le Tétragramme était employé dans ces écrits anciens lorsque les Écritures hébraïques étaient citées. Là encore, l’Épître de Barnabas suivait le même exemple que la première de Clément. Le rédacteur de l’épître citait Isaïe 1 : 11 qui disait :
« Quelle est la multitude de vos sacrifices pour moi?» dit le Seigneur (Κύριος) «J’en ai assez de vos holocaustes…»(Barnabas 2 : 4)
Ce même verset se présente comme suit dans la TMN :
« À quoi me sert la multitude de vos sacrifices? » dit Jéhovah. «Oui, j’en ai assez des holocaustes…» (Isaïe 1 : 11 TMN)
De nombreux exemples semblables se trouvent dans cette épître où des versets tels que Psaume 118 : 24, Jérémie 7 : 2, Isaïe 1 : 10; 45 : 1 et Deutéronome 5 : 11 sont cités tout en employant le mot grec Kurios plutôt que le Tétragramme. Nous avons employé un seul exemple par souci de brièveté. Toutefois, les lecteurs sont encouragés de consulter eux-mêmes l’Épître de Barnabas et la Didaché.
Une pratique semblable de l’emploi de Kurios plutôt que du Tétragramme se trouve dans un document appelé la Didaché ou Enseignements des douze apôtres. Cet écrit vient de la première moitié du deuxième siècle. Il a été écrit comme étant les enseignements des 12 disciples du Christ, cependant, l’auteur anonyme ne déclare pas qu’il ait été écrit par ceux-ci. Là encore, nous ne nous référons pas à la Didaché parce que cet écrit a quelques mérites en tant qu’Écritures. Pourtant celui-ci reflète la compréhension et la pratique de la congrégation chrétienne primitive. La Didaché citait des passages des Écritures hébraïques en employant Kurios plutôt que le Tétragramme d’une manière semblable à la première de Clément et Barnabas.
La question suivante peut être formulée : «Dans cette grande hérésie de la suppression du Tétragramme, est-ce que tous les écrits des Pères de l’Église ont été modifiés?» Comme nous le verrons dans la dernière discussion de ce chapitre portant sur la géographie, l’énormité de la tâche aurait fait de l’altération des écrits de ces hommes une tâche impossible. Pourtant, une deuxième, mais formidable objection, aurait été la prévoyance nécessaire d’anticiper une telle entreprise. La nécessité de changer les écrits des Pères de l’Église pour faire en sorte que les générations futures ne sachent pas qu’une telle hérésie ait jamais eu lieu pour un groupe de copistes du deuxième et du troisième siècle. Après tout, si cela avait été une controverse théologique, les contemporains auraient été au courant. Il est totalement irraisonnable de penser qu’un tel effort concerté aurait été mis en oeuvre pour recopier de grandes quantités de manuscrits dans le but de cacher une controverse qui était déjà connue communément. Même plus, ce serait ridicule de penser que ces scribes et copistes pourraient avoir planifié une telle entreprise seulement dans le but d’enjôler les futures générations d’érudits!
À partir de ce bref examen d’anciens écrits dévotionnels non canoniques, nous constatons que les rédacteurs n’employaient jamais יהוה dans les citations des Écritures hébraïques qui emploient le Tétragramme.
5. Le Tétragramme devrait être identifiable dans les Écritures chrétiennes, écrit en hébreu au cours de l’époque de la congrégation chrétienne primitive.
Au chapitre 5, nous avons évalué la référence J2 identifiée comme étant le Matthieu de Shem-Tob. Dans ce chapitre nous reconnaissions l’importante contribution que George Howard avait apportée en tentant d’identifier ce manuscrit comme une recension d’un Évangile hébreu original écrit par Matthieu lui-même. Nous espérons que d’autres travaux seront faits sur cet important sujet. Simultanément, avec toute la prudence exigée en attendant de plus amples études textuelles, nous reconnaîtrons le travail d’Howard comme le meilleur exemple disponible du prétendu Matthieu en hébreu perdu dont Jérôme faisait mention.
Dans ce chapitre, nous évaluons six thèmes qui méritent d’être explorés dans le but de discerner la présence du Tétragramme dans les Écritures grecques chrétiennes. Dans la mesure où la Société Watch Tower cite la présence du Tétragramme dans l’Évangile hébreu de Matthieu, comme preuve de la restitution de Jéhovah dans les Écritures chrétiennes, nous devons revenir au Matthieu de Shem-Tob pour une évaluation.
Au chapitre 5, nous avons découvert que le Matthieu de Shem-Tob, en fait, n’emploie pas le Tétragramme. Il emploie plutôt le substitut ?? (pour ???, qui signifie «Le Nom») comme circonlocution remplaçant le Tétragramme (יהוה). Cela ne signifie pas que Matthieu lui-même n’a pas employé les caractères hébraïques יהוהi.[19] Cela signifie simplement que quelques indications qu’il ait faits ainsi sont maintenant perdues.Dans la mesure où J2 est, potentiellement, la seule épître ou évangile en langue hébraïque existant toujours, provenant de l’époque apostolique, nous devons conclure cette rubrique en reconnaissant que le Tétragramme n’est pas présentement identifiable dans aucune Écriture chrétienne produite en langue hébraïque durant l’époque apostolique ou congrégation chrétienne primitive. Toutefois, le seul manuscrit existant cité emploie un substitut pour une circonlocution signifiant «Le Nom.»
La suppression du Tétragramme doit refléter
l’environnement dans lequel celle-ci s’est
produite
Ce dernier thème n’est pas le problème majeur
puisque de nombreuses anomalies dans les manuscrits peuvent
retrouver hors des paramètres prévus. Donc, ce
thème n’a pas un poids important, mais il doit
être pris en considération parce que toute suppression
du Tétragramme des Écritures chrétiennes se serait
produite dans un contexte physique.
6. La géographie, l’environnement physique où étaient situées les congrégations chrétiennes, doit être prise en considération au sujet de la suppression du Tétragramme.
Rendu à cette étape, notre étude s’est penchée sur les manuscrits eux-mêmes. Nous allons maintenant examiner une question pratique reliée à la préservation de ces manuscrits. Une évaluation superficielle des anciens manuscrits, et des environnements géographiques où ils ont été trouvés, révèlera une relation évidente entre les conditions climatiques et la préservation des manuscrits. Comme nous l’avons vu précédemment, le matériau d’écriture utilisé au premier siècle était le papyrus. Celui-ci était fabriqué en Égypte à partir de roseaux et exporté partout dans l’empire romain. Le papyrus était un matériau fragile et il ne survivait pas au froid et aux climats humides des environnements des premières congrégations gentilles.[20] Les plus vieux manuscrits grecs chrétiens connus viennent presque toujours d’endroits aux climats chauds et secs. C’est pour cette raison que les plus vieux manuscrits des Écritures grecques proviennent largement du nord de l’Afrique et de la péninsule du Sinaï.
Les fragments de papyrus des collections Chester Beatty (P45, P46 et P47) viennent de cette région. Comme nous l’avons mentionné précédemment, ils sont datés circa 200 de notre ère.
Tout cela a un impact important sur notre discussion de la suppression présumée du Tétragramme des écrits originaux. Même si le christianisme s’est rapidement propagé dans le monde romain (ce qui inclut des territoires de trois continents, l’Europe, l’Asie et l’Afrique), il y a une importance liée à l’isolement autant géographique que culturel de l’Afrique. La congrégation chrétienne primitive en Afrique a développé un caractère unique et elle a vécu aussi l’émergence de ses propres chefs. Cette congrégation n’a pas nécessairement reproduit les perceptions ecclésiastiques et les événements des congrégations au Moyen-Orient, en Europe et en Asie Mineure.
Considérons ce qu’implique la présumée suppression du Tétragramme. Cela requerrait que les premières congrégations en Afrique comprenaient et agissaient d’après la distinction entre Κύριος et יהוה dans leurs Écritures. (Cela est vrai à moins qu’il puisse être argué que les congrégations africaines n’étaient pas de vraies congrégations chrétiennes parce qu’elles ne connaissaient pas le nom de Dieu, Jéhovah. Pourtant, à cause de la date ancienne de l’établissement de la congrégation chrétienne en Afrique, cet argument requerrait que l’habitude de l’emploi du Tétragramme ait été perdue durant la vie des apôtres!) Cela requerrait que cette distinction ait été perdue dans les congrégations africaines, sans aucune mention de la survie d’écrits bibliques et non canoniques qui eux ont survécu jusqu’au aujourd’hui. De plus, cela requerrait que ce changement sans précédent a eu lieu si rapidement que יהוה ait été connu en Afrique et qu’il ait été perdu à peine 104 ans après que l’apôtre Jean ait écrit!Cependant, plus que toute autre chose, la perte du Tétragramme requerrait que nous croyions que cette hérésie, créant une certaine division, a été orchestrée si complètement que toutes traces de l’enseignement original des apôtres a pu être éliminé de trois continents en l’an 200 de notre ère.
Résumé du chapitre. Nous avons examiné six thèmes dans notre quête concernant la suppression présumée du Tétragramme dans les écrits originaux des Écritures chrétiennes. Chacun de ces thèmes a été influencé d’une certaine manière par notre compréhension actuelle des preuves textuelles et historiques qui sont devenues disponibles depuis la fin des années 1940.
Il n’y a pas de manuscrits connus des Écritures grecques chrétiennes qui emploient le Tétragramme. Il y a bien plutôt plus de 5 000 manuscrits existant qui emploient Kurios, avec les plus vieilles datations fiables remontant entre l’an 201 et l’an 300 de notre ère. Ce fait, à lui seul, représente un obstacle insurmontable pour l’inclusion du Tétragramme dans les traductions contemporaines des Écritures grecques chrétiennes.
Aucun changement textuel des Écritures grecques chrétiennes peut-il survenir universellement et instantanément. Tout changement dans lequel Κύριος aurait été substitué pour יהוה aurait laissé un mélange de manuscrits montrant les deux formes. De plus, un tel changement aurait laissé des variantes dans la formulation grecque représentant un parallèle mais pas des substitutions exactes.
Un changement dans les Écritures grecques chrétiennes de יהוה à Κύριος aurait eu une profonde influence sur la théologie de la congrégation chrétienne du premier siècle. Que ces 237 références aient été changées du Tétragramme à Kurios, la compréhension des personnes de Jéhovah et de Jésus aurait été radicalement altérée. Il est inconcevable qu’un changement si extrême a pu survenir avec aucune objection de la part des rédacteurs de la congrégation chrétienne primitive et aucune défense de points de vue divergents par ses partisans. Les sujets fréquents d’hérésies et de controverses qui ont fait surface dans l’histoire primitive de la congrégation chrétienne sont connus de nos jours à cause des échanges épistolaires et des écrits des Pères de l’Église. (Dans plusieurs cas, les écrits autant de la faction hérétique que des défenseurs de la foi sont représentés.) C’est ainsi que les débats avec les gnostiques, les nominalistes, les donatistes, les marcionites, les manichéens, la controverse aryenne et de nombreuses autres sont bien connues et documentées pour nous aujourd’hui. Malgré tout ça, un débat concernant la suppression du Tétragramme n’a jamais été mentionné.[21] Plus que certainement, considérant la magnitude de la prétendue altération, elle aurait été mentionnée si elle avait eu lieu.
Il y a de nombreux écrits anciens à part les Écritures. Ces écrits grecs non canoniques citaient fréquemment des passages des Écritures hébraïques. Il n’y a pas de preuves que les écrits de l’époque de la congrégation chrétienne primitive employaient le Tétragramme dans ces citations. Plutôt, ces écrits employaient librement le mot grec Kurios lorsqu’ils citaient ou faisaient allusion aux passages des Écritures hébraïques. Les premiers de ces écrits auraient été produits en deçà de 10 à 30 ans après que le dernier Évangile a été écrit. Il est inconcevable qu’en deçà de 10 à 30 ans de la fin de la mise par écrit des Écritures, ces écrits corrompus auraient librement circulé dans la congrégation chrétienne primitive s’ils avaient contenu une hérésie aussi sérieuse que la dénaturation de la nature de Jésus.
Il y a la possibilité d’un évangile original des Écritures chrétiennes, écrit en hébreu, existant encore et provenant de l’époque apostolique. Cet évangile, le Matthieu de Shem-Tob emploie le substitut ?? (pour ???, qui signifie «Le Nom») comme circonlocution. Si Matthieu a employé les caractères hébraïques יהוה, toute indication qu’il a faite ainsi est maintenant perdue.
L’expansion géographique des premières congrégations milite contre une hérésie uniforme qui aurait supprimé toutes preuves écrites d’enseignements précédents sans laisser aucune trace.
[1] La première affirmation établirait la réalité de la présence du Tétragramme dans les Écritures grecques chrétiennes sans qu’une preuve supplémentaire soit nécessaire. En son absence, la deuxième affirmation donnerait de fortes preuves de l’existence originale du Tétragramme. Les troisième et quatrième affirmations sont des conséquences naturelles qui seraient évidentes si les Écritures originales auraient été si radicalement changées au deuxième et troisième siècle. La cinquième affirmation est simplement corroborative si nous soutenons que les manuscrits grecs sont ceux qui ont été inspirés par Dieu. La sixième est simplement une question pratique qui aborde la diversité géographique. Toutefois, en aucun cas, une preuve plus récente, seule, peut-elle établir la présence du Tétragramme en l’absence d’un emploi vérifiable du Tétragramme, si cette indication n’est pas attestée dans les manuscrits les plus anciens.
[2] L’insertion exprime précisément ce placement de mot hébreu dans le texte grec. Ce ne serait pas une traduction parce que ce serait une importation précise du mot hébreu, incluant sa signification et son orthographe, dans le texte grec. Les lettres majuscules grecques ΠΙΠΙ (PIPI) seraient un symbole graphique du nom hébreu de Dieu.
[3] Sur le total global des 5 000 manuscrits des Écritures grecques chrétiennes, complets ou partiels, dont nous connaissons l’existence, la Société Watch Tower ne mentionne pas un seul document dans lequel le Tétragramme a été employé.
[4] Nous disons 30 ans comme un laps de temps minimum simplement parce que l’apôtre Jean a écrit au moins 30 ans après que les premiers manuscrits de Matthieu et de Paul auraient été mis en circulation. Très certainement, au moins les épîtres de Jean auraient reflété un avertissement si un emploi ancien du Tétragramme avait été altéré au cours de sa vie. Le lecteur doit comprendre toutefois qu’autant la période de temps de 30 ans et la présupposition que Jean aurait commenté une altération sont hors de toutes données vérifiables disponibles.
[5] En réalité, il y aurait aussi eu un mélange, une diversité dans un manuscrit pris individuellement. Ce ne sont pas tous les 237 passages qui auraient été uniformément altérés dans chacun des manuscrits.
[6] Parce que des utilisateurs subséquents des manuscrits ont fait des corrections, nous nous attendrions aussi à trouver un petit nombre de manuscrits dans lesquels le Tétragramme était superposé avec Kurios ou une substitution grecque pour le nom divin.
[7] Référez-vous à la section des notes en bas de page de l’Appendice B pour cette information.
[8] Tous les écrits des Pères de l’Église nous ont été transmis de la même manière que les Écritures grecques chrétiennes. C’est-à-dire, nous avons seulement du matériel copié, jamais d’écrits originaux.
[9] Anté-nicéen signifie simplement, «avant le concile de Nicée,» lequel a été convoqué en l’an 325 de notre ère. C’est une simple classification chronologique des rédacteurs plutôt qu’un énoncé de leurs positions théologiques. Les écrits des Pères de l’Église sont divisés dans le temps par anté-nicéen, nicéen et post-nicéen.
[10] Des exemples de cette familiarité avec les écrits des Pères de l’Église et les auteurs séculiers de cette époque sont communs et peuvent se trouver dans des publications déjà disponibles. Par exemple, voir la référence aux écrits de Josèphe dans la Tour de garde, 15/08/1996 p:11.
[11] La plupart des dates de naissance et de décès de ces rédacteurs sont approximatives.
[12] Le volume employé pour cette étude était en anglais, pas en grec. (Une recherche pour trouver une copie en grec s’est avérée infructueuse.) Donc, nous pouvons seulement présumer que Kurios ou son équivalent a été employé. (Pour une justification complète de l’emploi de Kurios en grec, voir les commentaires antérieurs au sujet de la Première lettre de Clément, l’Épître de Barnabas et la Didaché.) Toutefois notre objectif à ce moment-ci est de discerner quelque commentaire fait par Irénée au sujet de l’impropriété de la substitution d’un mot pour le Tétragramme. Irénée ne fait pas de tel commentaire. Il emploie des passages tels que nous les trouvons dans la KIT et il n’ajoute pas de commentaire à propos d’une corruption alléguée du Tétragramme.
[13] C’est un exemple intéressant d’accord. Irénée et la KIT emploient tous deux Dieu (théos), alors que la Traduction du monde nouveau emploie Jéhovah.
[14] Nous croyons que ce qui précède est une description adéquate de l’œuvre d’Irénée. Cependant, les brèves citations peu nombreuses que nous sommes en mesure de présenter dans cet espace limité sont loin d’être complètes. Les lecteurs feraient bien d’évaluer ces citations par eux-même à leur bibliothèque locale. De cette façon, le contenu de sections entières pourra être vérifié.
[15] Des éléments textuels et historiques attribuent fortement la paternité du Premier épître de Clément aux Corinthiens au compagnon de Paul. Nous accepterons que Clément en soit l’auteur. D’autre part, le lecteur devrait comprendre que le Clément biblique n’est pas accepté sans équivoque comme étant l’auteur authentique parmi tous les historiens. De plus amples informations sur le livre et l’auteur sont abondamment disponibles dans la préface de cette épître. Une soi-disant Deuxième épître de Clément est généralement considérée comme étant l’œuvre d’un autre (et plus récent) auteur plutôt que de Clément lui-même. Alors, pour notre objectif nous pouvons nous fier seulement à la première épître.
[16] Cette épître ne doit pas être confondue avec le livre canonique de 1 Corinthiens.
[17] Publié chez Harvard University Press, Cambridge, Mass., Tous droits réservés 1912. Le traducteur anglais est Kirsopp Lake. L’information se trouvant aux pages 143 et 144 de ce livre concernant l’Épître de Barnabas et la Didaché est elle aussi tirée du livre The Apostolic Fathers.
[18] En plus des 5 passages des Écritures hébraïques mentionnés ci-dessus, Clément a aussi cité 17 versets employant Kurios là où la NWT emploie Jéhovah (Ex. 32 : 31; Dt. 4 : 34; 32 : 9 : Ps. 22 : 6-8; 24 : 1; 32 : 2, 10; 34 : 11, 15, 16 , 17; 69 : 31; 118 : 20; Pr. 3 : 12; 20 :27; Is. 6 : 3; 40 : 10). Clément cite aussi deux versets additionnels que la NWT traduit par Jah (Ps. 118 : 18 et 19).
[19] Toutefois, nous devons être prudents pour ne pas supposer que Matthieu aurait employé le Tétragramme parce qu’il était un Juif écrivant à des frères Juifs. En fait, Matthieu était le seul évangile qui employait une circonlocution pour le mot «Dieu» dans l’expression «royaume de Dieu.» (Matthieu a employé la circonlocution «royaume des cieux» 32 fois. Il a employé l’expression «royaume de Dieu» seulement quatre fois [12 : 28, 19 : 24, 21 : 31 et 21 : 43] et l’expression «royaume de mon Père» [26 : 29] une fois.) Les trois autres Évangiles, qui s’adressaient aux Gentils, ont employé la même expression sans la circonlocution comme le «royaume de Dieu.» (Les passages parallèles montrent de manière passablement claire, cette différence entre l’emploi des rédacteurs des Évangiles de «royaume de Dieu» et «royaume des cieux.» Voir Matthieu 5 : 3 et Luc 6 : 20, Matthieu 13 : 31 et Luc 13 : 19, et autres.) En référence à cette expression, «le royaume de Dieu,» nous voyons que Matthieu tendait à éviter l’emploi du mot «Dieu», vraisemblablement parce qu’il écrivait à des Juifs.
[20] Le parchemin (peau d’animal) était employé depuis longtemps avant l’époque du Christ. Pourtant, le commerce égyptien du papyrus, moins coûteux, a assuré à ce matériau une place prédominante comme matériau d’écriture habituel jusqu’au troisième et au quatrième siècle. Les plus anciens manuscrits d’Europe et d’Asie ont survécu sur parchemins (aussi connu sous le nom de vélin) à cause de la plus grande durabilité de ce matériau.
[21] Considérant leurs contenus énormes, l’auteur a fait seulement une lecture superficielle dans ces volumes. Toutefois, cette affirmation peut être faite en se basant sur l’absence de preuve donnée par la Société Watch Tower. Il est sûr d’avancer que la preuve dans les écrits des Pères de l’Église, décrivant la suppression du Tétragramme, aurait-elle disponible, que celle-ci aurait été rapidement portée à l’attention de leurs lecteurs. Comme nous l’avons antérieurement remarqué, le livre «Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible» cite fréquemment les écrits des Pères de l’Église. Il est évident que les éditeurs ont eu connaissance de l’existence de la majorité de ces anciens ouvrages.